Le 24 novembre dernier, Christophe Dominici était retrouvé mort dans le parc de Saint-Cloud, situé dans les Hauts-de-Seine. Le rugbyman à la retraite est décédé après une terrible chute de 10 mètres. Une mort dont les circonstances sont encore inconnues. Ainsi, plein de questions sont toujours en suspens.
"Ne plus te voir. Ne plus t'entendre. C'est dur"
Trois mois après le décès de Christophe Dominici, son père, Jean Dominici, lui rend un émouvant hommage. Ce dernier signe la préface de la réédition de son autobiographie Bleu à l'âme, qui paraît ce jeudi 25 février 2021. Une réédition que nos confrères de RMC rapportent dans leurs colonnes.
Ainsi, Jean Dominici s'adresse directement à son fils décédé via ce bouleversant message dans lequel il évoque également la mort de sa fille Pascale, décédée en 1986, des suites d'un accident de la route. C'est avec ces quelques mots qu'il commence :
Mon Cristh, quelque chose devenu rare depuis que tu es parti s'est produit aujourd'hui. J'ai été heureux pendant quelques minutes. Un de tes chevaux a gagné, Christophe! Tu vois, tu l'as bien choisi. Je suis sûr que de là-haut, tu l'as vu franchir la ligne en tête et ça a dû te faire plaisir à toi aussi. C'est bon d'imaginer qu'on puisse encore partager des moments de bonheur tous les deux. J'ai su que Max (Guazzini) était venu te rendre visite ce matin, au cimetière de la Ritorte, à Hyères où tu reposes avec ta soeur, Pascale. Ta mère y va tous les jours ; moi, tous les deux jours, j'ai du mal.
Et d'ajouter :
Ne plus te voir. Ne plus t'entendre. C'est dur. On m'a enlevé ta soeur et c'est une partie de moi-même qui est partie avec elle. Maintenant, on m'enlève la moitié qui me faisait vivre et plus rien n'a de sens.
"Loretta m'a dit tout de suite qu'elle ne croyait pas à la thèse du suicide"
Jean Dominici poursuit en évoquant ce terrible jour où son fils à été retrouvé mort :
Loretta (la femme de Christophe Dominici) m'a dit tout de suite qu'elle ne croyait pas à la thèse du suicide. Qu'elle était follement inquiète pour toi, la maladie t'envahissait, te privant de sommeil, et que quand tu parvenais à dormir un peu, ton repos était perturbé par des cauchemars. Des histoires de poursuites, d'agressions dont tu te sentais victime.
Et de partager ce terrible souvenir :
On t'a retrouvé sur le sol. Mort sur le coup, mais gisant sur le dos. Pas face contre terre comme quelqu'un qui se jette volontairement dans le vide. Ton corps n'était pas disloqué, ton visage pas abîmé. Tes ongles seulement semblaient avoir été arrachés, comme si tu avais tenté de te rattraper.
"Tu semblais apaisé"
Jean Dominici conclut son message avec ces derniers souvenirs bouleversants de son fils :
Nous avons dû attendre jusqu'au samedi 28 novembre, pour enfin te voir. Et ce que je vais te dire va te paraître bizarre, mais Christophe, tu étais... magnifique dans ton costume noir ! Tu semblais apaisé, comme délivré de tous les démons qui te taraudaient. Et toutes les personnes qui venaient se recueillir auprès de toi, m'ont semblé repartir apaisées, elles aussi. Max est resté trois jours, inconsolable. Il m'a dit : "J'ai perdu l'être que j'aimais le plus au monde." Fabien Galthié, qui n'osait pas entrer au début, est passé et repassé plusieurs fois, refaisant la queue derrière les nouveaux venus. Ça a duré, je ne sais pas: cinq heures ! On aurait juré qu'il avait des choses importantes à te dire.
Pourquoi son père ne veut pas parler de suicide
Loretta, l'épouse de Christophe Dominici, a toujours réfuté la thèse du suicide. Cette dernière évoque "une bouffée délirante". Une thèse qu'avance également le père du regretté rugbyman. Dans les colonnes du magazine Paris Match, en vente dans les kiosques depuis ce jeudi 25 février 2021, il avoue ne pas se résoudre à prononcer le mot suicide. Jean Dominici préfère évoquer "un accident, une chute, une crise, une bouffée délirante aiguë".
Il se souvient que son fils avait été particulièrement affecté par l'échec du rachat de Béziers quelques mois plus tôt. Un échec qui l'avait fait tomber dans la dépression. Son père confie :
On aurait pu le sauver, ça tient à si peu de choses ! J'en veux aussi aux psys qui n'ont pas pris au sérieux la maladie de mon fils, à quoi servent ces gens ? Une ordonnance et des visioconférences, ça ne suffisait pas pour le guérir.
S'il était déterminé à se rendre sur Paris afin de voir son fils, une rage de dents l'en a empêché. Malheureusement, il n'aura pas eu le temps de reprogrammer sa visite.