Le combat de Booba n’aura pas été vain. Au printemps 2022, le rappeur déclarait la guerre aux membres du milieu de l'influence qu'il accuse de "pervertir la jeunesse". Il n’a ensuite eu de cesse de dénoncer les dérives des pratiques commerciales frauduleuses de nombreux candidats de télé-réalité reconvertis en influenceurs, avant de s’en prendre à Magali Berdah. Cette dernière s’est dite victime d’une vague de harcèlement en ligne suite aux publications de Booba sur les réseaux sociaux et a déposé plainte contre ce dernier. Sûr de son bon droit, Booba a également engagé des poursuites judiciaires à l’encontre de la femme d’affaires de 40 ans, qu’il accuse de diffamation.
Cependant, Booba a de quoi se réjouir. En effet, son message a été entendu par la sphère politique qui a décidé de passer à l’action. Ce mercredi 24 mars 2023, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, a annoncé vouloir mettre en place une série de nouvelles mesures visant à mieux encadrer le business de l’influence. Entre autres, la promotion de la chirurgie esthétique sera désormais interdite et l’utilisation de filtres lors d’une story sponsorisée devra obligatoirement être mentionnée. Une brigade rattachée à la Répression des Fraudes sera spécialement créée pour veiller à l’application de ce nouveau plan d’action, destiné à protéger les internautes qui pourraient se retrouver floués.
Une mobilisation de courte durée
Au lendemain de cette annonce, 150 influenceurs, dont Squeezie ou encore Seb la Frite, ont donné de la voix pour interpeller les députés au sujet de l’examen de cette nouvelle proposition de loi. Dans une tribune parue ce samedi 25 mars dans le Journal du dimanche, les stars du Web ont dénoncé "les dérives d’une minorité" :
Votre seule boussole doit être la protection des consommateurs des dérives d’une minorité qui se croit tout permis et la préservation de nos activités et des emplois que nous créons. Ne cassez pas le modèle vertueux que nous construisons aux quatre coins de la France avec et pour les Français. Comprenez-le, protégez-le, faites-le grandir.
Ont plaidé les signataires, parmi lesquels figurent Sananas, Camille Cerf, le duo McFly et Carlito ou encore Enjoy Phoenix.
Et d’ajouter que "certains ont fait croire ces derniers mois qu’ils étaient représentatifs de notre secteur alors qu’ils ne représentent qu’une minorité" :
Ce sont leurs dérives que nous souhaitons d’abord dénoncer. Nous avons fait des erreurs. Mais notre priorité est et sera toujours la protection des consommateurs, de nos communautés. Nous sommes favorables à un encadrement du secteur.
Ont-ils insisté, avant de demander au gouvernement de ne pas "les considérer comme une menace" ni "mettre à mal une économie florissante", qui représente "des milliers d’emplois".
Le débat n’est pas d’être pour ou contre l’influence.
A conclu le collectif de créateurs de contenu, tous membres de l’UMICC, l’Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu. Booba a alors taclé Squeezie, l'un des Youtubeurs les plus connus parmi les signataires.
Les YouTubeurs font machine arrière
Seulement, ce dimanche 26 mars, plusieurs d’entre eux ont fait machine arrière et déclaré avoir été mal informés avant de se retrouver associés à cette prise de position. À cause des commentaires acerbes de certains internautes ? En effet, au vu du contexte actuel en France et alors que les manifestations se multiplient dans tout le pays, beaucoup leur ont reproché de ne pas avoir pris position sur la réforme de l’âge du départ à la retraite et de se manifester uniquement parce qu'ils craignent une perte de revenus.
Booba s'est de nouveau moqué de Squeezie, et il n'a pas été le seul à s'en prendre au Youtubeur.
"J'ai fait une erreur"
Dans un long texte partagé sur Twitter, Squeezie, qui a reçu une vague de soutien, a fait savoir qu’il approuvait finalement les décisions du gouvernement et affirmé qu’il avait signé la tribune sans la lire :
On m’a présenté cette tribune comme un moyen de nous défendre devant des lois très extrêmes, qui auraient pu pénaliser à tort les honnêtes créateurs de contenu. En réalité, cette tribune ne fait aucune distinction entre les créateurs de contenu et les influenceurs, et semble juste essayer de limiter la casse sur les influenceurs mal-intentionnés.
A-t-il écrit. Et de préciser que "cette absence de distinction est aussi présente dans les signataires, parmi lesquels figure des influenceurs à l’origine même du problème".
Squeezie a assuré avoir toujours été "irréprochable et transparent" et qu’il n’avait finalement "rien à perdre avec cette réforme". Il s’est d’ailleurs dit satisfait que "ces arnaqueurs soient enfin sanctionnés" et "espère que ces mesures pousseront les influenceurs à adopter un comportement plus responsable".
Pour finir, le vidéaste, qui n'a pas été le seul à se rétracter, s’est promis à l’avenir de lire tous les documents qui requiert son accord.
Dr Nozam, qui s’est fait connaître sur YouTube grâce à ses vidéos de vulgarisation scientifique, a également fait savoir qu’on lui aurait mal expliqué les enjeux de cette nouvelle réforme :
Lorsqu’on m’en a parlé il y a quelques jours, on m’a dit que ce serait hyper restrictif pour nous, les créateurs, qu’un contrôle abusif serait imposé, etc. Quand je vois la réalité et les choses présentes, je pense qu’elles sont, pour la plupart, nécessaires, pour avancer dans la bonne direction.
A-t-il expliqué, avant de reconnaître à demi-mots qu’il avait totalement fait confiance à son agence, sans juger utile de lire le texte de la tribune :
Quoi qu’il en soit, mon nom est dedans maintenant et c’est trop tard. J’aurais du être plus vigilant et prendre mon temps.
Qu'en pensez-vous ? Cette excuse commune vous paraît-elle crédible ?