La tension était palpable entre Apolline de Malherbe et Cyril Hanouna dans l'émission de radio Apolline Matin. Celui qui prépare une nouvelle émission politique consacrée aux prochaines élections présidentielles était invité par la journaliste à débattre sur un sujet plutôt sensible : peut-on donner la parole à tout le monde, même à ceux dont les idées vont à l'encontre de l'opinion publique ?
Il faut reconnaître que Cyril Hanouna a habitué les téléspectateurs à la présence sur le plateau de TPMP de personnalités parfois controversées. Un parti pris, comme il l'a évoqué dans son livre, Ce que les Français m'ont dit, éd. Fayard, coécrit avec Christophe Barbier.
"Je rends tout le monde sympathique"
Comme il l'a expliqué, Cyril Hanouna estime que chacun a le droit à la parole, des gilets jaunes en passant par Damien Tarel, l'homme qui a giflé Emmanuel Macron.
Vous avez tendance à rendre un peu tout le monde gentil.
A commencé Apolline de Malherbe, en faisant référence à une interview qu'il a accordée à Libération le 5 octobre dernier. Ce que le trublion de C8 a bien voulu reconnaître :
Mon seul problème, c'est que je rends tout le monde sympathique. J'ai du mal, quand j'invite quelqu'un, à lui rentrer dedans, à être méchant avec lui. Je peux vanner mais je ne suis jamais méchant.
La journaliste lui a alors demandé si "tout le monde se valait" :
Sur mon plateau, je reçois tout le monde. (…) Je suis pour que des débats se passent tous les jours chez moi.
A répondu celui qui s'est récemment accroché en direct avec la fille du défunt Bernard Tapie.
Cependant, Cyril Hanouna a commencé à perdre sa bonne humeur lorsque Apolline de Malherbe est allée un peu plus loin dans son raisonnement :
Quand vous dites : "Oui, pour moi tout le monde doit avoir la parole", j'imagine que vous vous êtes déjà posé la question. Elle est un peu cliché mais évidemment, on se la pose. Est-ce qu'à l'époque, en 33 en Allemagne, vous vous diriez : "Est-ce qu'il faut inviter Hitler ?" Vous dites, on peut s'asseoir à la table du diable mais si on a une longue cuillère…
Alors que l'animateur commence à s'agiter face à elle, la journaliste poursuit :
Vous dites aussi qu'il y a un côté sympa chez tout le monde. Je vais peut-être avoir l'air grotesque en disant ça mais j'imagine que Hitler, si vous lui parlez juste de chiens ou de bouffe, il peut être sympa…
Une question hors sujet pour Cyril Hanouna
Visiblement gêné et loin d'être d'accord avec son interlocutrice, Cyril Hanouna a répliqué :
Non mais là, ça n'a rien à voir. Là, vous parlez d'un truc irrécupérable.
Et il a insisté, malgré le fait qu'Apolline de Malherbe rappelle la popularité du Führer à l'époque, qui a été élu dans les règles :
Là, je trouve franchement, excusez-moi, que ça n'a rien à voir. Là, vous parlez de quelqu'un qui a franchi les limites et qu'on ne peut plus rattraper. Les gens que j'invite sur mon plateau, il n'y a personne qui est irrécupérable.
Quelques heures après cet échange tendu, la journaliste a expliqué à Puremedias avoir seulement voulu rebondir sur les déclarations de son invité dans Libération. Cyril Hanouna avait affirmé qu'il souhaitait donner la parole à tout le monde, afin que le public puisse se faire son propre avis :
Quand les talibans arrivent au pouvoir, est-ce qu'il faut les interviewer ou pas ? Aurait-on pu interroger Ben Laden ? C'est une question que se posent tous les journalistes.
Pour Apolline de Malherbe, sa question à propos d'Hitler était en rapport avec la "banalité du mal", une théorie développée par la philosophe allemande Hannah Arendt. Selon la journaliste, cette théorie s'inscrit au cœur de la pensée journalistique :
Est-ce que tout le monde se vaut ? Je n'ai pas la réponse mais c'est une question qui me paraît extrêmement importante.
En dépit de la petite controverse, Apolline de Malherbe s'est dite satisfaite de son échange avec Cyril Hanouna :
Il cherche la même chose que moi : donner la parole à tous les Français. Je travaille sans filet et en direct.