Le 28 mai 2020, Nicolas Bedos annonçait la mort de son père, Guy Bedos. Près d'un an plus tard, le comédien s'est emparé une nouvelle fois de sa plume. C'est dans les colonnes L'Obs que le cinéaste livre un témoignage bouleversant sur la fin de vie de son père... et fait de nouvelles révélations. En effet, à l'heure où la question de l'euthanasie fait débat, Nicolas Bedos révèle comment il a aidé son père à mourir.
"Ses mains sont devenues si fines qu'on a peur de les briser sous le poids des baisers"
Le comédien se souvient que son père souffrait d’une maladie "cousine d’Alzheimer". Face à la crise sanitaire, la famille Bedos refuse d'hospitaliser l'humoriste, de peur que celui-ci décède à l'hôpital, seul. Mais la situation est particulièrement compliquée, comme le révèle le cinéaste :
Avril 2020. Il a du mal à respirer. Il ne mange plus depuis des semaines, la maladie, le confinement, la confusion. Ma mère, à bout de nerfs et de vigilance, est extirpée de son demi-sommeil par des cris. Tant bien que mal, elle le soulève, le rassure, le borde. Elle déteste le ramasser. Elle déteste le voir détester qu'elle le ramasse, supporter ce regard où se mélangent toujours la détresse et l'orgueil. Il ne sort plus de son lit, ses mains sont devenues si fines qu'on a peur de les briser sous le poids des baisers.
L'état de santé de Guy Bedos se dégrade de jour en jour, sans que sa famille, impuissante, ne puisse rien faire. C'est alors que les proches de l'humoriste, qui était un fervent défenseur de l'euthanasie, prennent une décision :
Il y a des pères qui partagent la passion du football ou de la guitare avec leur fils, mon père et moi avons toujours eu en commun une relation étroite avec l'envie de débrancher la machine, faisant de cette idée une sorte de compagne presque réconfortante en cas de désespoir, de déroute affective ou intellectuelle.
Ainsi, ils prennent contact avec le "docteur T.", que Guy Bedos avait rencontré via l'association ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité), association pour laquelle il était engagé. Mais le "docteur T" tarde à répondre. Un autre médecin leur prescrit alors "une ordonnance de Rivotril, un antiépileptique couramment utilisé dans ces cas-là". Une ordonnance qui sera au nom de Nicolas Bedos, afin de ne pas éveiller les soupçons.
Celui-ci se souvient :
Je me revois sur mon scooter, me rendant à la pharmacie pour acheter la mort de l'homme que j'aime le plus au monde.
"La nuit suivante sera la dernière. Longue. Bouleversante"
Un flacon dont Nicolas Bedos n'aura finalement pas besoin. En effet, le "docteur T." répond finalement à la famille. Mais lors de sa première visite, il "trouve que Guy Bedos n'est pas assez somnolent, trop lucide..." Il repasse alors le lendemain. Nicolas Bedos, qui avait toujours en sa possession le flacon de Rivotril plein, se souvient :
La nuit suivante sera la dernière. Longue. Bouleversante. Le lendemain, le flacon est plein. Mon père n'en a pas eu besoin pour offrir à son médecin l'état somnolent apparemment nécessaire à une intervention - qui eut lieu vers 17 heures.
C'est entouré de ses proches de Guy Bedos a fait ses adieux... Son fils conclut :
Il aura donc fallu qu'il baisse entièrement le rideau et ne pèse plus que quelques kilos pour que la société daigne choisir 'le jour et l'heure.