En France, la période estivale rime généralement avec les festivals musicaux. Aussi, les artistes sillonnent les routes de l’Hexagone, pour le plus grand plaisir des mélomanes. Ce jeudi 6 juillet 2023, Izïa était à l’affiche des Nuis Guitares, qui s’est tenu à Beaulieu-sur-Mer. Un évènement qui a réuni Bernard Lavilliers ou encore le groupe Dire Staries Legacy. Mais c'est surtout la fille de Jacques Higelin qui aura su marquer l’assistance lors de sa prestation.
En effet, entre deux chansons, l’artiste de 32 ans a fait savoir tout ce qu’elle pensait d’Emmanuel Macron et n’a pas mâché ses mots : "Il s'est dit là, ce qui ce serait bien, ce dont le peuple a envie, c'est qu'on m'accroche à vingt mètres du sol, tel une piñata humaine géante. Et qu'on soit tous ici présents munis d'énormes battes avec des clous, comme dans "A Clockwork Orange" (Orange Mécanique', de Stanley Kubrick , N.D.L.R.]) tu vois", a-t-elle commencé, avant de poursuivre avec fougue :
Et là, on le ferait descendre, mais avec toute la grâce et la gentillesse que les gens du Sud ont. Et on aurait tous nos battes, avec nos petits clous. Et dans un feu de Bengale de joie, de chair vive et de sang, on le foutrait à terre. Mais gentiment, tu vois…
Une prise de parole qui a été filmée avant d'être massivement relayée sur les réseaux sociaux. Si quelques spectateurs ont applaudi ce discours, d’autres, en revanche, se sont indignés et ont même jugé bon de prévenir les forces de l’ordre. Mais la chanteuse avait déjà mis les voiles lorsque les gendarmes sont arrivés sur les lieux.
Izïa sort du silence
Cependant, si la fille de Jacques Higelin a réussi à échapper à la police, elle encourt de lourdes sanctions. Car la gendarmerie a décidé d’ouvrir une enquête pour "provocation publique à commettre un crime ou un délit". Une infraction qui peut être punie d'une amende voire d'une peine de prison.
Quelques jours après la polémique, Izïa a pris la peine de s’expliquer au cours d’un entretien exclusif accordé à Ouest-France. Elle s’est ainsi dite "désolée que cela ait été mal interprété, décontextualisé", se défendant d’avoir voulu appelé à la haine :
À aucun moment, évidemment, je n’ai voulu inciter à la violence ou à la haine. C’est une histoire, un liant improvisé et surréaliste entre deux titres qui parle de tout et de rien et qu’il ne faut surtout pas prendre au premier degré.
A déclaré celle qui se "considère comme une artiste, avec donc un engagement physique, vocal, spirituel, dans {sa} musique et {sa} manière d’aborder la scène, pour prendre du plaisir et en donner aux gens".
En ce qui concerne la violence de ses propos, l’ex-compagne du musicien Bastien Burger insiste, elle n’a jamais cherché à prôner la haine :
À aucun moment dans mes concerts, je n’incite à la violence ou à la haine. Ce sont toujours des lieux de bienveillance et d’amour, de folie et d’improvisation. C’est juste ça, purement et simplement.
Pour finir, Izïa, qui n’a formulé aucun regret, a expliqué que cette tirade sur scène contre le président de la République "reste une histoire fantasmée, un moment partagé d’esprit libre, artistique":
Ce n’est pas dirigé dans quelque direction que ce soit.
Izïa déjà sanctionnée
En attendant de savoir si cette affaire sera examinée par la justice, Izïa paye déjà les conséquences de ses actes. Alors qu’elle était devait se produire à l'hippodrome de Marcq-en-Barœul ce jeudi 13 juillet 2023, pour célébrer la Fête nationale, le maire (LR) de la ville du département du Nord a fait connaître ce week-end son intention d’annuler concert de la jeune femme.
La venue à Marcq-en-Barœul de cette artiste, pour un concert public, gratuit et familial, serait en contradiction avec les valeurs de rassemblement qui prévalent lors de notre Fête nationale.
A estimé Bernard Gérard auprès de La Voix du Nord, se disant "profondément choqué" par "ces propos d’une grande violence".
Ce lundi 10 juillet 2023, la décision a été confirmée via un communiqué. La mairie de Marcq-en-Barœul a annoncé sur son site avoir "résilié unilatéralement la partie du contrat relative à la prestation de la chanteuse Izïa pour motif d’intérêt général au titre de ses prérogatives de puissance publique".