Outre le décès de son père, Bernard Cuau, emporté par un cancer de l’estomac, Marianne Denicourt a perdu son compagnon Joël dans un tragique accident. Une chute mortelle du quatrième étage de leur appartement. Enceinte de son fils, la comédienne avait remué ciel et terre pour que son enfant puisse porter le nom de son papa.  

Ainsi, l’actrice s’était mariée à titre posthume avec son défunt compagnon. Une épreuve douloureuse qu’elle souhaitait garder secrète. Seulement, c’était sans compter sur la terrible vengeance du cinéaste Arnaud Desplechin. En effet, le réalisateur s’était inspiré de ce tragique événement pour son film Rois et reine (2004).

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Arnaud Desplechin @ DR

"C'était pour lui une obsession d'être avec moi"

Dans les colonnes du magazine ELLE, Marianne Denicourt s’est longuement confiée sur son histoire tumultueuse avec Arnaud Desplechin. Après une brève collaboration au début des années 90, l’actrice avait rejoint le casting du film La Sentinelle (1992), le premier long-métrage du réalisateur.

À l’époque, le cinéaste était tombé sous le charme de la jeune mère célibataire. Et il avait tout fait pour la séduire. Dénigrement, jalousie maladive, attitude toxique… Marianne Denicourt avait alors vécu une relation d’emprise. Au micro de nos confrères du magazine ELLE, la réalisatrice de 58 ans a livré un récit glaçant.

C’était pour lui une obsession d’être avec moi. Il m’a écrit des dizaines de lettres jusqu’à ce que je cède. Notre histoire a duré peu de temps, un an et demi environ. Une relation destructrice, avec du dénigrement, de la manipulation, j’avais perdu du poids et ma confiance en moi. Aujourd’hui, on parlerait d’emprise.

Marianne Denicourt soutenue par Marie Desplechin

En 1996, elle décidait de mettre un terme à sa relation avec le réalisateur. C’était pendant le tournage de Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle). À l’époque, ce dernier semblait respecter son choix. Et pourtant, il concoctait sa vengeance en silence.

Dans le film Rois et reine, le personnage de Nora pousse son compagnon au suicide. Il fait aussi une chute mortelle. Et le père de la jeune femme finit euthanasié.

Ce fut une entreprise pure et simple de gaslighting (déformer la réalité afin que la victime doute des faits et de sa version, ndlr). Il a voulu me faire passer pour la folle, l’hystérique qui veut faire censurer un film.

Auprès du magazine ELLE, Marie Desplechin a également fait des révélations sur ce long-métrage.

J'ai lu le scénario et j'étais glacée. C'était une profanation. Mon frère avait ouvert les tombes de son mari et de son père (…) Marianne a eu une vie tragique, elle n'avait fait de mal à personne. Elle n'avait rien demandé.

Marianne Denicourt avait alors porté l’affaire devant la justice. Et elle avait obtenu gain de cause. Arnaud Desplechin a été reconnu coupable d’avoir créé "son film autour de son histoire et de celles de ses proches". De son côté, l’actrice Juliette Binoche avait refusé d’incarner Nora dans ce long-métrage.