Il lui a fallu du temps pour trouver le courage de révéler au grand jour ce qui lui était arrivé à l’âge de 14 ans. Dans les colonnes du magazine ELLE, Judith Godrèche avait enfin dénoncé les agissements de Benoît Jacquot. Suite à ses révélations fracassantes, elle avait porté plainte contre le réalisateur pour "viols avec violences sur mineur de 15 ans".
La mère de famille de 52 ans reproche également à Jacques Doillon des faits similaires. Ses témoignages glaçants ont fait trembler le cinéma. Toutefois, la plaignante, devenue une figure emblématique du mouvement #MeToo en France, n’a reçu aucun soutien des personnalités influentes dans le milieu.
Auprès de la commission d'enquête relative aux violences sexuelles commises dans le secteur du cinéma, ce mercredi 18 décembre 2024, la militante féministe s’est longuement confiée à ce sujet.
Judith Godrèche dénonce le silence dans le milieu du 7e art
La relation entre une mineure et un homme âgé de 40 ans était connue et plutôt approuvée dans le milieu du cinéma. Pour rappel, l’adolescente était le personnage principal féminin du film Les Mendiants, sorti en 1988. Selon sa version des faits, le réalisateur Benoît Jacquot a été son "gourou". Elle aurait été "sous l'emprise" d’un "monstre".
Judith Godrèche, qui raconte son adolescence "bafouée" dans la série Icon of French Cinéma, accuse aussi Jacques Doillon d’avoir abusé d’elle. Aux commandes du film La fille de 15 ans (1989), le cinéaste aurait volontairement modifié le scénario afin de tourner une scène intime avec la jeune actrice.
Face aux députés à l’Assemblé nationale, la réalisatrice qui est mise en examen pour diffamation , a alors confié :
Il n’y a pas une personne de mon passé, qui ait une place établie dans la société du cinéma, donc, entre guillemets, du pouvoir, il n’y a pas une personne de pouvoir qui m’a écrit depuis que j’ai parlé.
Et d’expliquer :
Ce silence-là dit beaucoup (…) Il dit aussi peut-être : j’ai peur (...) Il dit : je n’ai pas envie de perdre ma place. Il dit : moi aussi, je dois slalomer (…) pour ne pas me prendre un poteau et être moi aussi recalée à l’arrière du cortège.
"Ce système écrase les résistantes"
Bon nombre de personnalités influentes dans le milieu du 7e art auraient tourné le dos à Judith Godrèche. Elles ne voudraient pas être mêlées à ces polémiques qui font grand bruit. La comédienne espère toujours "pouvoir continuer de vivre" de ses activités dans le cinéma. "Ce système écrase les résistantes", a-t-elle toutefois conclu.