Mélomanes depuis leur plus jeune âge, Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia ont commencé leur carrière musicale en 1980. Les deux artistes, tous deux atteints de cécité, se sont passé la bague au doigt cinq ans après leur rencontre à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, au Mali, où ils jouaient dans l’orchestre d’Idrissa Soumaoro.
Très populaires en Afrique de l’Ouest, Amadou et Mariam se sont fait connaître en France vers la fin des années 90, notamment grâce à leur troisième album Sou ni tilé, sorti en 1998. En 2003, ils font la connaissance de Manu Chao, tombé amoureux de leur musique et qui souhaite travailler avec eux. De cette collaboration naîtra en 2004 l’album Dimanche à Bamako, ainsi que le single du même nom, véritable tube au moment de sa sortie. L’année suivante, Amadou et Mariam ont remporté la Victoire de la musique du meilleur album world de l’année.
Au cours de leur longue carrière, Amadou et Mariam ont collaboré avec d’autres artistes renommés, tels que Damon Albarn, le chanteur du groupe britannique Blur, Keziah Jones ou bien le controversé Bertrand Cantat. Connu à l’international, le couple se produisait régulièrement à l’étranger dans de célèbres festivals, comme ceux de Coachella ou Lollapalooza, aux États-Unis. L'an dernier, lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques d’été de Paris, Amadou et Mariam ont repris Je suis venu te dire que je m’en vais, de Serge Gainsbourg. Une dernière réunion sur scène, car l'un d'entre eux était, hélas, bien sur le départ.

Ensemble jusqu’à la fin
En effet, la voix dAmadou Bagayoko ne résonnera plus. Le chanteur de 70 ans s’est éteint ce vendredi 4 avril 2025, des suites d’une longue maladie. Dès le lendemain, ses fans et ses proches ont afflué à son domicile de Bamako. "La maison ne désemplit pas", a témoigné Djibril Sacko, le porte-parole de la famille, aux journalistes de l'AFP, décrivant "une atmosphère lourde".
Mariam Doumbia a également exprimé sa tristesse et dévoilé les derniers instants de la vie de son mari. "J’ai pris sa main, je l’ai posée sur moi, et j’ai dit : "Amadou, parle-moi". Il m’a répondu : "Mariam, tout ce que tu dis, j’entends". Mais ensuite, il a fait des grimaces, des bruits étranges…", a-t-elle raconté, de manière concise.
J’ai appelé le médecin. J’ai demandé au docteur de (le) regarder. Le docteur a mis son appareil sur son cœur et nous a ensuite dit qu’il était parti. J’ai dit : "Bon… Il est parti comme ça".
S’est-elle souvenue.
Et d’ajouter, dévastée par la perte de celui qu’elle n’a jamais quitté depuis leur première rencontre :
J’ai pensé que si Amadou est parti comme ça, alors moi, je suis seule. Je suis restée seule et je vais désormais rester seule dans la vie.
Un couple solide
La veuve d’Amadou Bagayoko n'a pas fait que parler de la mort de son époux. Ce samedi 5 avril, au micro de TV5 Monde, elle est ainsi revenue sur leur histoire d’amour, expliquant que la flamme n’avait jamais cessé de brûler entre eux. "Amadou m'a beaucoup aimée et je l'ai aimé aussi", a déclaré Mariam Doumbia, avant de faire comprendre que la communication avait été la clef pour que leur relation fonctionne.
"On s'est compris. Même s'il y a des problèmes, on trouve la solution ensemble, (…) on arrive à s'entendre. Si l'un se fâche, l'un se tait. Amadou m'a beaucoup aimé. Moi aussi, j'ai aimé Amadou", a insisté la chanteuse, qui aura 67 ans le 15 avril prochain.
Même si je suis fâchée, il présente ses excuses. C'est pour cela qu'on est restés longtemps ensemble jusqu'à aujourd'hui.