C’est une triste affaire qui a défrayé la chronique, il y a vingt-et-un ans. Le 1er août 2003, Marie Trintignant décédait dans une clinique de Neuilly-sur-Seine, victime de violences conjugales. Cela faisait dix-huit mois que l’actrice vivait une relation tumultueuse avec Bertrand Cantat, le chanteur du groupe Noir Désir. À l’été 2003, le couple s’est envolé vers la Lituanie, pour les besoins du téléfilm Colette, une femme libre, réalisé par Nadine Trintignant, loin de se douter qu’elle venait d’offrir son dernier rôle à sa fille.

Une nuit tragique
Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, une violente dispute a éclaté entre Marie Trintignant et Bertrand Cantat, dans leur chambre d’hôtel du Domina Plaza de Vilnius, la capitale du pays balte. Mais au lieu de ne s’en tenir qu’aux mots, le chanteur s’en est pris physiquement à sa compagne, qu’il a frappée à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’elle perde connaissance : "Une vingtaine de traces de coups sont apparentes", avaient rapporté les médecins.
Plutôt que de contacter les secours, Bertrand Cantat s’est contenté de mettre Marie Trintignant au lit, toujours inerte, avant de se décider à appeler le frère de cette dernière. Voyant que sa sœur ne réagissait pas, Vincent Trintignant a alors fait appel à un médecin au petit matin.
Admise en urgence à l’hôpital dans un coma profond, Marie Trintignant a subi deux interventions des chirurgiens lituaniens, afin de décompresser son cerveau. Rapatriée en France le 31 juillet 2003 en état de mort cérébrale, la comédienne est décédée le lendemain d’un œdème cérébral, malgré une opération de la dernière chance tentée par le neurochirurgien Stéphane Delajoux.
Un coupable adulé ?
Marie Trintignant a laissé derrière elle quatre enfants : Roman Kolinka, fils de Richard Kolinka, le batteur du groupe Téléphone ; Léon Othnin-Girard, fils du technicien de cinéma Mathias Othnin-Girard ; Jules Benchetrit, fruit de ses amours avec Samuel Benchetrit et Paul Cluzet, le fils de l’acteur François Cluzet. Le comédien a vécu une longue histoire d’amour avec Marie Trintignant dans les années 1990 et il n’a de cesse de chérir les souvenirs qu’il lui reste de cette époque :
C'était d'abord une actrice et donc, une partenaire. J'aimais beaucoup sa fragilité, sa vulnérabilité et le fait qu'elle était encore presque un enfant dans sa tête. Elle était fan de justice. Elle avait perdu sa sœur, alors elle rêvait d'un monde sans conflit. Le destin l'a mis dans des bras hostiles.
Avait regretté François Cluzet, dans Les rencontres du Papotin.
Plus de vingt ans après le drame, Netflix a dévoilé ce jeudi 27 mars un nouveau documentaire baptisé De rockstar à tueur : le cas Cantat. Ce reportage en trois épisodes revient sur le meurtre de Marie Trintignant et le traitement médiatique de cette affaire, qui a longtemps fait les choux gras de la presse.
Dans les colonnes du magazine Elle, la co-réalisatrice du projet a évoqué l’omerta qui règne autour de cette histoire tragique.
À Bordeaux, le chanteur a toujours un statut d’icône intouchable. Son entourage artistique, sa famille, forment un clan qui fait front.
A d’abord expliqué Anne-Sophie Jahn, avant de revenir sur le témoignage de Pascal Nègre, l’ancien patron d’Universal, le label de Noir Désir.

Une mémoire bafouée ?
"Il y a d'ailleurs une séquence très forte dans le documentaire : Pascal Nègre parle encore d'un "accident", refuse de commenter "la vie privée" de Bertrand Cantat… Cela montre les résistances qui persistent, a-t-elle déploré.
Lors de ma première enquête, parue dans Le Point en 2017, j’ai subi une vague de harcèlement très agressive. (…) Les attaques contre la mémoire de Marie Trintignant étaient complètement dingues. Il y a eu un double crime : on a tué cette femme et on a tué sa mémoire.
A tristement conclu Anne-Sophie Jahn.

Condamné à huit ans de prison par la justice lituanienne le 29 mars 2004, Bertrand Cantat a été transféré en septembre 2004 à la prison de Muret, près de Toulouse. Il sera libéré de prison le 15 octobre 2007, après n'avoir effectué que la moitié de sa peine.