Deux mois après le décès de Michel Blanc, qui nous a quittés le 3 octobre 2024, c’est un autre acteur emblématique qui vient de rejoindre l’autre monde. Ce dimanche 1er décembre 2024, on apprenait la disparition de Niels Arestrup, à l’âge de 75 ans. Celui qui a remporté trois fois le César du Meilleur acteur dans un second rôle s’est éteint à son domicile de Ville-d’Avray, dans les Hauts-de-Seine, après un long combat contre un cancer.
Une triste nouvelle qui a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, notamment parmi ceux à qui il avait donné la réplique au cours de sa brillante carrière. Ainsi, Tahar Rahim, avec lequel il partage l’affiche du film Un prophète, a évoqué le "privilège rare d’être à (ses) côtés pour (sa) première expérience au cinéma" et a salué "un immense acteur".
Une publication commentée par Emilie Dequenne, qui avait tourné avec les deux acteurs dans À perdre la raison, sorti en 2012 et réalisé par Joachim Lafosse :
Je pense à toi, à nous, depuis ce matin.
A écrit celle qui lutte également contre le cancer.
Quant à Patrick Bruel, avec qui il a joué dans Villa Caprice en 2020, le chanteur s’est souvenu, le cœur gros : "Notre rencontre m’a tellement marqué. Merci Niels pour ton regard et ta bienveillance". Seulement, tous n’ont pas tenu le même discours, à l’image d’Isabelle Adjani, qui avait connu un gros différend avec le disparu.
"Un traumatisme marquant"
En effet, en 1983, Niels Arestrup avait été soupçonné de lui avoir donné une gifle lors d'une représentation de la pièce suédoise Mademoiselle Julie, mise en scène par Christian Benedetti. Ce qu'il a toujours nié. "On vous colle des choses, on dit des choses, on affirme des choses, mais quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez, et même si vous vous défendez, il y a une espèce d'étiquette qui vous collera toujours au dos", avait-il affirmé en 2001, face à Marc-Olivier Fogiel.
Et d'ajouter :
Je ne suis pas un ange, du tout. J'essaie de faire mon métier avec passion. Je le fais avec ma nature, avec mon caractère. Je précise, encore une fois, que je n'ai jamais frappé une femme de ma vie. Je vous jure que je n'ai pas giflé {Isabelle} Adjani.
Mais force est de constater que quarante ans plus tard, la pilule n'est toujours pas passée du côté de l'interprète de la Reine Margot. Dans les colonnes du Parisien, qui ont recueilli ses impressions peu après la disparition du comédien, Isabelle Adjani ne s’est pas vraiment montrée particulièrement émue par la nouvelle :
A titre personnel, je n'ai hélas rien à exprimer de positif sur l'homme. Mon souvenir du partenaire de théâtre demeure un traumatisme marquant. Mais Niels Arestrup fut un grand acteur.
Une sombre réputation ?
Et elle n’est d'ailleurs pas la seule du monde du 7ème art à avoir manifesté son aversion envers Niels Arestrup. Quelques années plus tôt, Clovis Cornillac n'avait pas mâché ses mots concernant le défunt, au micro d'Europe 1 :
Je déteste cet homme. C'est un des rares. Il sait pourquoi et il n'y a pas de souci là-dessus.
Avait lâché en 2017 le fils de Myriam Boyer, qui avait, quant à elle, accusé l'intéressé de l’avoir étranglée sur scène.
Issu d’une famille modeste, Niels Arestrup a grandi dans une cité HLM d’Évry, dans le département de l’Essonne. Il fait ses premiers pas au cinéma en 1973, dans le film Miss O’Gynie et les Hommes fleurs, de Samy Pavel, puis dans Stavinsky, d'Alain Resnais, l'année suivante.
En parallèle de sa carrière au théâtre, le comédien s'est construit une carrière atypique faite de seconds rôles, prêtant souvent ses traits à des personnages sans foi ni loi. Cependant, si son talent d'acteur n'est pas à contester, Niels Arestrup avait la réputation d'être un homme violent en tournage, notamment auprès de la gent féminine. En 2007, lors d'une interview accordée à Libération, il admettait avoir "crevé le tympan de Miou-Miou avec une gifle lors d’un tournage" et "cassé le coccyx de Maria Schneider".