Notre-Dame de Bétharram, établissement catholique privé, a été entaché par une terrible affaire qui fait aujourd'hui grand bruit. Des abus sexuels et des violences sur mineurs auraient été perpétrés par des religieux de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram. C'est entre la fin des années 1950 et les années 2010 que les sévices auraient eu lieu en toute impunité, avant que près de 100 plaignants ne décident de saisir la justice en 2024.

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Notre-Dame de Bétharram @Hans Lucas. AFP

Jean-Marie Delbos, une victime reconnue comme telle en 2010, a raconté qu'il avait parlé des abus sexuels subis de la part d'un prêtre à la direction, qui a préféré le faire passer pour un fou et l'interner en hôpital psychiatrique. D'après son témoignage à France Bleu, elle était même allée jusqu'à menacer de saisir les biens de sa grand-mère s'il parlait de cette histoire.

Suite à une centaine de nouvelles plaintes, une enquête a été ouverte au début du mois de février par le parquet de Pau.

L'affaire Bétharram et François Bayrou

Ce qui fait également couler beaucoup d'encre, ce sont les accusations mêlant François Bayrou à cette affaire. Calixte Bayrou, son fils, était élève de l'établissement. Son père, alors ministre de l'Éducation, avait pris la défense de l'école en 1996 alors que les médias s'emparaient de l'affaire. Cependant, selon Mediapart, il avait pourtant été mis au courant par une enseignante et une infirmière de l'établissement des violences physiques commises sur les élèves.

L'épouse de François Bayrou, qui a enseigné le catéchisme dans l'établissement, s'était même rendue à l'enterrement de Pierre Silviet-Carricart, directeur de l'institution Notre-Dame de Bétharram, décédé en 2000. Mis en examen pour viol et agression sexuelle sur mineur, il avait nié les faits reprochés dans sa lettre de suicide.

Malgré les suspicions sur son rôle dans l'affaire, François Bayrou a nié avoir été au courant de ce qu'il s'y passait. Il l'a clamé haut et fort devant l'Assemblée nationale, affirmant n'avoir "jamais été informé de violences, et a fortiori de violences sexuelles" qui auraient été commises au sein de Notre-Dame de Bétharram. Le Premier Ministre a annoncé porter plainte pour diffamation, alors que Mediapart a déclaré que François Bayrou aurait reçu, en mars 2024, une lettre écrite par Jean-Marie Delbos dénonçant ce qu'il avait subi.

"Il était au courant puisqu'il a signé l'accusé de réception", a déclaré la victime à nos confrères.

Les propos de Ségolène Royal sur BFMTV

Invitée sur le plateau de BFMTV, Ségolène Royal est revenue sur cette affaire. Citant Mediapart, elle a affirmé que François Bayrou avait été mis au courant de ce qu'il se passait à Notre-Dame de Bétharram.

"Le magistrat qui a incarcéré le directeur de cette école a été demandé en rendez-vous par François Bayrou. Lui dit très clairement qu'il a informé François Bayrou (...) d'un crime sexuel", a-t-elle déclaré.

Ségolène Royal a parlé d'une "omerta totale" suite aux premières révélations faites sur l'établissement Notre-Dame de Bétharram. Selon elle, le nécessaire n'a pas été fait.

"J'aurais demandé la fermeture de l'établissement (...) Il aurait dû fermer immédiatement", a-t-elle déclaré.

Ségolène Royal porte plainte contre François Bayrou

Le 18 février 2025, François Bayrou a pris la parole au sujet des accusations à son encontre et a évoqué Élisabeth Guigou, Ségolène Royal et Claude Allègre.

Si je ne savais pas, d'autres savaient (...) Le procureur général a tenu informé la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l'année 1998. (...) Le ministre de la Justice était Élisabeth Guigou et je ne peux pas imaginer que le ministre n'ait pas tenu compte d'un signalement aussi grave par le procureur général, et j'affirme que quand j'étais au gouvernement, il ne pouvait pas y avoir un signalement aussi important sans que le ministre de l'Éducation nationale ne soit averti. Qui était ministre de l'Éducation nationale ? C'était Claude Allègre. Qui était la ministre chargée de l'Enseignement scolaire ? C'était Ségolène Royal.

Après avoir pris connaissance des propos tenus par François Bayrou, l'ancienne ministre déléguée à l'Enseignement scolaire a pris les devants. Ségolène Royal a affirmé porter plainte contre François Bayrou pour "diffamation" et "dénonciation calomnieuse".

C'est sur son compte X (anciennement Twitter) qu'elle a exprimé son indignation face au discours de François Bayrou.

"Scandalisée par les attaques du Premier ministre", a-t-elle déclaré avant de dévoiler sa circulaire d'août 1997 contre les violences sexuelles à l'école.

Nous rappelons cependant que François Bayrou a précisé lors de sa prise de parole à l'Assemblée nationale : "ne pas croire qu'on puisse imputer à ces personnalités des manquements aussi graves". Il faisait ainsi référence aux personnalités politiques qu'il avait citées plus tôt, dont Ségolène Royal faisait partie.