Nicolas Sarkozy s’exprime pour la première fois, sur les tractations qui ont eu lieu durant son quinquennat pour libérer Florence Cassez.
Une injustice pour Nicolas Sarkozy
L’ex-président de la République Française, Nicolas Sarkozy lève le voile lors d'une interview exclusive à l'Express sur les multiples tractations afin de libérer la française, Florence Cassez, alors condamnée à 96 ans de prison au Mexique.
L’ancien chef de l’état se remémore le jour où il a reçu les parents de la française dans le salon vert du Palais de l’Elysée :
Leur fille venait d'être condamnée à quatre-vingt-seize ans de prison
se souvient-il.
Aidez-nous. Nous sommes désemparés. Nous connaissons notre fille, elle n'est pas une criminelle, elle n'est pas une preneuse d'otages. Nous sommes une famille honnête.
Il explique ne pas avoir eu le choix, estimant que le devoir du président est de protéger ses compatriotes.
Lorsqu'un compatriote est en prison, où que ce soit dans le monde, j'estime que le devoir du président de la République française est de se porter à son côté.
La machine est alors lancée, le président et son équipe s’investissent dans la libération de Florence Cassez. Nicolas Sarkozy entrera alors en communication directe avec l'ex-ministre Genaro Garcia Luna, qui avait orchestré l'emprisonnement de Florence Cassez. Ce dernier, a été arrêté fin décembre 2019 par le FBI américain. Il est accusé d'avoir touché des millions de dollars pour protéger l'un des plus puissants cartels du pays, celui de Sinaloa.
Un combat mené de front
Obstiné et persuadé de l’innocence de la jeune française, Nicolas Sarkozy sait très bien que cela va être compliqué de convaincre son homologue mexicain.
Le ton est monté. Nous nous sommes affrontés. Ça a été brutal. Il s'est écrié : "Jamais !" Selon lui, il n'y aurait "jamais de transfèrement", car le climat politique rendait la chose impossible. Le blocage était total. Un océan nous séparait.
Conscient du combat qu’il doit mener, Nicolas Sarkozy va jouer sa dernière carte. Le Mexique étant un peuple proche de la religion, il avoue que son seul espoir réside dans la religion et a donc rencontré le Pape Benoit XVI. Il décrit alors la situation au souverain Pontife.
Je lui ai dit : "Très Saint-Père je voudrais vous parler d'une protégée, une jeune femme qui a été condamnée à soixante ans de prison de manière injuste." Le pape a joint les mains et dit : "Oh ! la malheureuse..." Puis, il a répété : "Oh ! la malheureuse..." Ensuite, il m'a dit : "Expliquez-moi."
A partir de ce moment, la situation se débloque et Florence Cassez qui a purgé une peine de 7 ans dans une des prisons les plus dures du Mexique se voit libérer en 2013.
A partir de là, des voix dans l'Eglise se sont fait entendre, puis d'autres voix... Fin 2012, la Cour suprême a enfin reconnu toutes les incohérences du dossier et a ordonné la libération de Florence Cassez, début 2013.
Florence Cassez a tenu à remercier Nicolas Sarkozy
Au retour de la française, Nicolas Sarkozy n’est plus président et n’a donc pas pu l’accueillir sur le tarmac. Mais peu importe, Florence Cassez a tenu à remercier personnellement Nicolas Sarkozy et son épouse lors d’un repas.
Nous l'avons revue avec mon épouse pour déjeuner. Ce fut un grand moment d'émotion de la retrouver libre !
A ce jour, Florence Cassez envisage de poursuivre l'ancien ministre mexicain de l'Intérieur Genaro Garcia Luna ainsi que plusieurs personnalités mexicaines qu'elle juge responsables de sa détention, a-t-elle confié à l'Express.
Je vais demander des comptes à ceux qui m'ont fait mal
Explique-t-elle.