Sébastien Delogu a grandement fait parler de lui cette année. Le 28 mai 2024, il avait perturbé une séance de l’Assemblée nationale en brandissant un drapeau palestinien, alors que le ministre Franck Riester répondait à une question d’Alma Dufour (LFI) concernant la situation à Gaza. De quoi déclencher la colère de la présidente de l’Assemblée nationale, qui a immédiatement interrompu les débats :

M. Delogu ! Vous avez un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal jusqu’à saisine du bureau ! C’est inadmissible !

Avait scandé Yaël Braun-Pivet, avant d’organiser une réunion immédiate du bureau de l’Assemblée pour décider d’une sanction.

Pour son acte militant, le député de la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône a fait l’objet de la plus lourde sanction prévue par le règlement : 15 jours d'exclusion de l'enceinte du Parlement et deux mois de privation de la moitié de ses indemnités. Quelques minutes avant de connaître l’issue de son sort, Sébastien Delogu faisait savoir que le verdict ne lui ferait ni chaud ni froid :

Je me fous complètement de la sentence. Je serais honoré, ce serait une médaille pour moi.

StarMag.com
Sébastien Delogu @ DR

Un homme politique atypique

Quelque temps après son geste qui a été applaudi par les défenseurs de la cause palestinienne, Sébastien Delogu s’est affiché très proche d’une célèbre candidate de télé-réalité. En juin dernier, il était apparu dans les stories de Maeva Ghennam, afin d’inciter les Français à faire barrage à l’extrême-droite lors des dernières élections législatives anticipées. Une initiative qui n’a pas vraiment fait l’unanimité et a été critiquée sur la Toile. Mais plus récemment, c’est pour une autre raison que le politicien a été raillé par les internautes.

Ce lundi 9 septembre 2024, une vidéo dans laquelle on le voit buter sur quelques mots lors d’une lecture en commission des finances de l’Assemblée nationale a été largement relayée sur la Toile et commentée par plusieurs personnalités de l’opposition de droite.

En mode racaille, c’est plus fluide. Quelle "Delogution" !

S’est moqué le député RN Julien Odoul, sur le réseau social X, tandis qu’Aurélien Veron, conseiller LR de Paris, a ironisé sur le fait que "L’École de la Seconde Chance ouvre une antenne à l’Assemblée nationale".

La gauche monte au créneau

La réaction des membres de La France Insoumise ne s’est alors pas fait attendre, nombreux à dénoncer un "mépris de classe".

La haine de classe contre Sébastien Delogu est scandaleuse. Soutien et fraternité face à cette arrogance de ceux qui veulent maintenir le peuple loin du pouvoir pour mieux préserver leurs intérêts.

S’est indigné Matthias Tavel, député de la Loire-Atlantique.

Ersilia Soudais, qui vient d’être réélue députée de la 7ème circonscription de Seine-et-Marne, a également pris la parole. "Tous ces messages exprimant du mépris de classe à l’encontre de mon collègue Sébastien Delogu me donnent envie de vomir", a écrit la militante féministe.

Et Sébastien Delogu n’a pas eu droit qu’au soutien de son parti. Car c’est toute la gauche qui a volé à son secours. Ainsi, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol a voulu rappeler :

Je n’ai aucune sympathie politique (c’est un euphémisme) pour Sébastien Delogu mais ce buzz sur le manque de fluidité de sa lecture est indigne des valeurs de la République et de l’égalité des citoyens. Siéger à l’Assemblée nationale n’est pas un privilège des élites et des premiers de la classe.

Quant au député PS Philippe Brun, celui-ci a fait part de son "envie de vomir devant le mépris de classe et les moqueries que subit {son} collègue", malgré leurs "désaccords".

Sébastien Delogu n'a pas directement réagi aux critiques dont il a fait l'objet. Il s'est toutefois fendu d'un sobre message sur X, faisant comprendre qu'il n'avait pas l'intention de se positionner en tant que victime :

Plus vous m'attaquez, plus ça me donne l'envie de combattre "politiquement".

Âgé de 37 ans, Sébastien Delogu a longtemps exercé la profession de chauffeur de taxi et est même devenu le porte-parole des taxis marseillais lors de la grève contre la multinationale Uber. D’abord engagé au sein du Parti communiste français, il a ensuite rejoint La France Insoumise et s'est lancé en politique vers la fin des années 2010. Sa première campagne électorale est celle de Jean-Luc Mélenchon, lors des législatives de 2017, à Marseille.