C’est une page qui se tourne. Quincy Jones, le légendaire producteur de musique, a tiré sa révérence ce dimanche 3 novembre 2024, à Los Angeles. La triste nouvelle a été sobrement annoncée via un communiqué rédigé par son attaché de presse, Arnold Robinson, sans aucun autre détail sur la cause de sa mort. Il a néanmoins été précisé que la star de 91 ans est décédée à son domicile du très chic quartier de Bel Air, entouré de sa famille.

En plus de soixante ans de carrière, Quincy Delight Jones, de son vrai nom, aura marqué de son empreinte l’industrie musicale. Né le 14 mars 1933 à Chicago, son goût pour la musique s’est prononcé dès l’âge de 11 ans, lorsqu’il il a touché un piano pour la première fois : "J’ai joué une seule note et cela a changé ma vie", aimait-il se souvenir.

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Quincy Jones @ Chris Pizzello

Il se met alors au trombone, à la trompette et commence à se produire dans les petites boîtes locales. À 14 ans, il y rencontre Ray Charles, de deux ans son aîné, qui lui a prodigué de précieux conseils.

Il fallait jouer toute la variété de l’époque, le rythm’n blues, la musique des strip-teases, la polka… Après, on se retrouvait entre nous et on jouait du be-bop toute la nuit. J’essayais de tout faire sonner be-bop et Ray disait : "Non, tu dois accepter la musique pour son âme profonde". Ça a été une bénédiction.

A-t-il raconté dans ses mémoires.

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Ray Charles et Quincy Jones @ William Carter

Un amoureux de la France

Une ouverture d’esprit que lui a également enseigné la pianiste Nadia Boulanger, quand il s’est installé à Paris en 1957. Un séjour qui a changé sa vie. En France, celui qui été révélé au sein de l’orchestre de Lionel Hampton a pu travailler avec Henri Salvador, Jacques Brel ou encore Charles Aznavour. Plus tard, il collaborera aussi bien avec Nana Mouskouri que Joao Gilberto, ou encore le maître du tango argentin Astor Piazzolla. Et alors que le mouvement des droits civiques était en pleine effervescence aux États-Unis, Quincy Jones a découvert en Europe une reconnaissance nouvelle.

Dans les années 50, Paris était une ville fantastique pour les musiciens Noirs-Américains. Ici, contrairement aux États-Unis, nous trouvions de la tolérance et de la curiosité pour notre travail.

De retour dans son pays natal, Quincy Jones devient en 1961 le premier Afro-américain à accéder à un poste de direction dans l’industrie du disque, en tant que vice-président du label Mercury Records. Trois ans plus tard, il compose la musique du film Le prêteur sur gages, de Sidney Lumet, là aussi une première pour un artiste noir. Il en signera une trentaine d’autres par la suite. En parallèle, il poursuit son travail d’arrangeur et de chef d’orchestre, notamment au côté de Frank Sinatra, dont il deviendra le collaborateur attitré.

L’album le plus vendu de l’histoire

En 1978, Quincy Jones fait la rencontre d’un jeune artiste qui révolutionnera à jamais la musique : Michael Jackson, qui cherchait à l’époque à s’émanciper de l’univers Motown. Quincy Jones entre définitivement dans la légende en produisant ses trois meilleurs albums : Off the wall (1979), Bad (1987) et surtout Thriller (1982), l’album le plus vendu de toute l’histoire, avec plus de 100 millions de copies écoulées.

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Michael Jackson et Quincy Jones @ Michael Ochs

En 1985, il réunit une trentaine de stars sur le titre We are the world, afin de lutter contre la famine en Éthiopie, et qui sera vendu à plus de 20 millions d’exemplaires. Time Magazine considère Quincy Jones, qui a raflé 28 Grammy Awards au cours de sa carrière, comme l’un des musiciens les plus importants du XXe siècle, avec plus de 400 albums auxquels il a participé. Nul doute que les hommages seront nombreux sur la Toile.