La Fédération française de rugby se souviendra longtemps de ce mois de juillet 2024. En effet, peu avant l’arrestation d’Oscar Jégou et Hugo Auradou, tous deux mis en examen pour viol aggravé, la tournée d’été du XV de France en Amérique du Sud a été marquée par une autre polémique. Le 6 juillet dernier, Melvyn Jaminet a publié une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle il tient des propos à caractère raciste. "Le premier Arabe que je croise, je lui mets un coup de casque", peut-on l’entendre dire.

Des déclarations condamnées par son club, qui a fait savoir sur son compte X qu’une enquête interne avait été ouverte :

Suite à la vidéo parue sur les réseaux sociaux impliquant Melvyn Jaminet, le RCT condamne les propos tenus et se désolidarise de ceux-ci. Une enquête interne est ouverte et le club communiquera plus largement à l’issue de celle-ci.

Malgré ses excuses dès le lendemain, Melvyn Jaminet a immédiatement été écarté de la sélection nationale et renvoyé à Toulon, où son avenir reste incertain.

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Melvyn Jaminet @ Icon Sport

D’après Nice-Matin, l’arrière varois a rencontré ce jour Cédric Rouhaud, le directeur administratif et juridique du club, pour évoquer cette affaire, et devra s’entretenir avec Bernard Lemaître, le président, le 23 juillet prochain. "Les deux parties seront assistées par leurs conseils respectifs si elles le désirent et ce n’est qu’à l’issue de ces discussions qu’une ou des décisions seront prises au sujet de l’avenir de notre joueur au RCT", a indiqué le patron du club dans les colonnes du quotidien régional.

Une simple mauvaise blague ?

Alors que la justice s’est emparée du dossier, l’avocat de Melvin Jaminet a pris la parole via un communiqué, déclarant que la vidéo de son client s'était retrouvée accidentellement sur les réseaux sociaux et n’était pas destinée à ses abonnés :

Il convient de préciser que cette vidéo a été malencontreusement rendue publique (publiée en "story") par Monsieur Jaminet sous l’empire de l’alcool, et ce alors même que ladite vidéo était destinée à n’être communiquée qu’à ses amis d’enfance via un groupe de discussion privé sur Instagram.

A écrit Me Carlo Alberto Brusa.

Et d’expliquer que les membres de ce groupe, qui "ont des origines diverses et variées", ainsi que des "cultures différentes", échangent régulièrement les uns avec les autres du contenu à vocation humoristique, qui visiblement, ne plaît pas à tout le monde.

Soucieux de mettre l’accent sur une volonté de faire l’humour, même de mauvais goût, l’avocat a poursuivi. "Or quand bien même leurs échanges peuvent être teintés d’un humour potache, vulgaire, voire discutable du fait d’une certaine trivialité, il n’en demeure pas moins que Monsieur Jaminet n’a jamais eu un quelconque comportement raciste", a affirmé le conseil du joueur du RCT.

Et ce pour la simple raison que les valeurs de respect, de bienveillance et d’entraide l’animent depuis son plus jeune âge de sa vie d’homme et à travers sa passion du rugby.

L’avocat a ensuite évoqué le traitement médiatique réservé au rugbyman et les critiques auxquelles ce dernier a eu droit sur les réseaux sociaux. "Cela n’a malheureusement pas empêché la sphère médiatique et des internautes de clouer monsieur Jaminet au pilori, la vindicte populaire n’hésitant nullement à bafouer allègrement son honneur", a-t-il déploré.

"Cela me semble interrogeant"

C’est donc en voulant s’adresser à ses amis d’enfance que Melvyn Jaminet a tenu les propos qui pourraient bien lui coûter sa carrière au sein du RC Toulon. Pour finir, Me Carlos Alberto Brusa s’est fendu d’une défense, dont les arguments n’ont pas vraiment convaincu tout le monde :

Les témoignages rédigés spontanément par certains membres de ce groupe de discussion, l’un d’eux, étant "d’origine maghrébine", attestent que la vidéo était la réponse à un échange au cours duquel les membres se chambraient.

De quoi faire réagir Dominique Sopo, auprès de BFMTV. Le président de l'association SOS Racisme s'est dit "étonné du fait que des propos de cette nature puissent être présentés comme des propos fréquemment échangés, entre amis, parce qu’on est quand même sur des propos assez violents". Et d'espérer que Melvyn Jaminet se verra infliger une peine exemplaire :

Je ne sais pas quels sont les amis de M. Jaminet mais cela me semble interrogeant. Ce qui est important dans ce type de situation, c’est surtout que la justice reconnaisse la dimension outrageante et raciste de ces propos.