Yannick Alléno a vu sa vie basculer à tout jamais le 8 mai 2022, lorsqu’il a appris le décès de son fils Antoine. Le jeune homme de 24 ans a perdu la vie alors qu’il patientait à un feu rouge sur son scooter, fauché par un conducteur en état d’ébriété et sous l'emprise de stupéfiants. Ce dernier, déjà bien connu des services de police, avait vu son permis de conduire annulé et était au volant d'un véhicule volé. Rapidement interpellé, le chauffard récidiviste a été mis en examen pour homicide et blessures involontaires, avant d’être placé en détention provisoire.
Plus de deux ans après les faits, Francky D., 27 ans, a fait face à ses juges en octobre dernier. Celui qui a reconnu "tous les faits, sauf les violences" a été jugé pour homicide involontaire avec au moins deux circonstances aggravantes, blessures involontaires et vol avec violence. Et le verdict est tombé le 28 novembre dernier. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Francky D. à sept ans de prison, avec mandat de dépôt à délai différé. Lors du procès, la justice a reconnu ses "comportements à risque multipliés de manière inconsidérée".
Une décision symbolique
Une maigre consolation pour Yannick Alléno, qui, depuis la mort de son fils, n’a de cesse de lui rendre hommage sur les réseaux sociaux. Lors d'une interview donnée en avril dernier, le chef triplement étoilé évoquait cette terrible épreuve qu’il a dû surmonter et à laquelle il n’était, bien évidemment, pas préparé.
On est non-préparé à ce genre de choses, je ne le souhaite à personne. C’est un flot de démarches administratives très douloureuses. Aller à la morgue voir son gamin, préparer l’enterrement, recevoir des gens… Tout s’effondre.
Avait-il confié au micro d’Europe 1, dans l’émission Culture médias.
D’autant plus que Yannick Alléno avait transmis à son fils l’amour de la cuisine. C’est ainsi que peu avant sa disparition, Antoine Alléno avait lancé avec son père le restaurant Père & Fils, situé dans le VIIème arrondissement de la capitale. Un projet qui témoignait de leur passion commune pour la gastronomie.
Mais voilà, après le verdict, Yannick Alléno a décidé de tourner la page, pour aller de l’avant. Comme l’a rapporté Le Parisien, le propriétaire du Pavillon Ledoyen vient d’inaugurer un bar à tapas japonais en lieu et place du restaurant de burgers gourmets qu’il avait ouvert avec Antoine. Passionné par le Japon depuis toujours, Yannick Alléno a renommé les lieux Izakaya Dassai et propose à la carte des spécialités nippones revisitées, à des prix variant entre 15 et 25 euros.
Un père engagé
Après avoir eu connaissance du verdict rendu au procès, Yannick Alléno avait réagi sur son compte Instagram : "Même les soirs où on a envie de hurler, show must go on (le spectacle doit continuer, NDLR) pour lui ! Pour tous les autres ! Ceux qui restent", a écrit ce père inconsolable.
Devenu un fervent défenseur de la sécurité routière, Yannick Alléno a fondé une association qui porte le nom de son défunt fils, afin d'apporter un soutien financier, juridique et psychologique aux proches des victimes d’accidents de la route. Il espère aussi faire bouger les choses au niveau de la législation française et milite pour que le "délit d’homicide routier" soit reconnu par la justice française.