Woody Allen, l'un des réalisateur plus prolifiques de l'histoire du cinéma avec une cinquantaine de films réalisés en autant d'années de carrière, avait globalement échappé jusqu'ici aux foudres du mouvement anti-harcèlement qui a fait tomber ou ébranlé de nombreux acteurs et réalisateurs depuis les révélations contre le producteur Harvey Weinstein : de Kevin Spacey à Brett Ratner, en passant par Dustin Hoffman ou James Franco.
Mais cette semaine, la tempête le menace à son tour, alors que refont surface des accusations de sa fille adoptive Dylan Farrow, qui l'accuse depuis 1992 d'avoir abusée d'elle sexuellement quand elle avait sept ans.
Dylan Farrow, 32 ans aujourd'hui, déclare de cet entretien diffusés mercredi par la chaîne CBS :
Je dis la vérité et je pense que c'est important que les gens se rendent compte qu'une victime, une accusatrice, compte. Que cela suffit à changer les choses. Pourquoi ne serais-je pas en colère? Pourquoi ne serais-je pas blessée? Pourquoi ne serais-je pas scandalisée après toutes ces années où j'ai été ignorée, où on ne m'a pas crue ?
Avant même la diffusion de cet entretien, l'acteur franco-américain Timothée Chalamet, révélé ces derniers mois dans des films comme "Call Me by Your Name" ou "Lady Bird" et nouvelle coqueluche d'Hollywood, déclarait sur son compte Instagram regretter d'avoir travaillé avec Woody Allen sur son nouveau film à sortir cette année, "A Rainy Day in New York".
"Je ne veux pas tirer profit de mon travail sur ce film", a souligné la nouvelle star de 22 ans, en annonçant faire don de son salaire pour ce film à trois associations d'aide aux victimes de harcèlement sexuel, dont "Time's Up", créée début janvier par un collectif de plus de 300 femmes de Hollywood.
Le magazine spécialisé US Weekly a indiqué mercredi que la co-star de Chalamet dans "A Rainy Day in New York", Selena Gomez, avait elle aussi fait un don "important" à "Time's Up".
Peu après la cérémonie des Golden Globes début janvier, et suite à la publication d'une tribune de Dylan Farrow dans le Los Angeles Times, la réalisatrice de "Lady Bird", Greta Gerwig, qui a remporté le Golden Globe de la meilleure comédie, exprimait elle aussi ses regrets d'avoir joué dans son film de 2012, "To Rome with Love".
'Si j'avais su'
Cette-dernière a confié au New York Times :
Si j'avais su alors ce que je sais aujourd'hui, je n'aurais pas joué dans ce film.
L'actrice a également précisé qu'elle ne retravaillerait plus avec lui.
Woody Allen n'a pas réagi pour l'instant à cette nouvelle polémique et son agent n'a pas immédiatement répondu à une sollicitation de l'AFP.
Mais il a toujours démenti ces allégations. Notamment en 2014, dans une tribune au New York Times, où il affirmait que sa fille adoptive avait été poussée au mensonge par Mia Farrow lors de leur acrimonieux divorce, et rappelait que les enquêteurs avaient renoncé à le poursuivre dans cette affaire.
Si des actrices comme Natalie Portman, Reese Witherspoon ou Rebecca Hall ont elles aussi pris parti pour Dylan Farrow, Alec Baldwin a lui pris la défense de Woody Allen.
"Deux Etats (le Connecticut et New York, ndlr) ont enquêté sur Woody Allen et ne l'ont pas inculpé", a fait valoir l'acteur qui a joué dans "To Rome with Love" et "Blue Jasmine", qualifiant la situation d'"injuste et triste".
Le réalisateur multi-oscarisé, qui a fait de ses névroses une marque de fabrique, est depuis longtemps entouré d'un parfum de scandale.
Les accusations de 1992 avaient coïncidé avec la révélation de sa relation avec la fille adoptive de Mia Farrow, Soon-Yi Previn, de 35 ans sa cadette, qui a fait couler beaucoup d'encre. Ils se sont mariés depuis et ont deux filles adoptives.
Mais le scandale ne l'a jamais complètement abandonné, sans l'empêcher de tourner.
Si des films comme "Prends l'oseille et tire-toi", "Manhattan" ou "Annie Hall" ont contribué à faire de lui l'archétype du juif new-yorkais, la plupart de ses récents opus ont cependant été tournés en Europe, à la fois refuge et source d'inspiration.