"Nous sommes inquiètes : mal accompagnées, les femmes sont vulnérables face à la justice. Il est temps d'agir. Ensemble, soutenons celles et ceux qui œuvrent concrètement pour qu'aucune n'ait plus jamais à dire #MeToo. Donnons", disent 130 personnalités dans un appel aux dons lancé par la Fondation des Femmes et publié sur le site de Libération.
Les comédiennes Julie Gayet, Adèle Haenel ou Sandrine Bonnaire, l'écrivaine Leïla Slimani, la chanteuse Christine and the Queens, la championne de boxe Sarah Ourahmoune, la réalisatrice Tonie Marshall font partie des premières donneuses de cette campagne baptisée #MaintenantOnAgit.
"Souvent, nous n'avons rien dit. Par crainte. Par habitude. Pour oublier. Ou parce que nous espérions être l'exception plutôt que la règle", poursuivent-elles. "Il y a quelques mois, des actrices ont percé le mur du silence."
Ce mouvement, inspiré du fonds Time's Up lancé par 300 personnalités du cinéma américain pour lutter contre le harcèlement sexuel au travail après le scandale Weinstein, vise à recueillir des dons qui seront reversés à des associations proposant un accompagnement juridique aux victimes de violences sexistes ou sexuelles.
"Ce n'est que le début", prévient la comédienne Anna Mouglalis. La récente libération de la parole n'est "pas un effet de mode", "il y a eu une prise de conscience" qui doit "s'incarner dans des actes. Sinon, les femmes parleront dans le vent", explique-t-elle à l'AFP.
"Toutes les femmes ont été confrontées à des harceleurs (...), ça nous est toutes arrivé", déclarait fin janvier l'actrice Julie Gayet, estimant que Time's up était "formidable".
Ruban blanc aux César
S'associant à la Fondation des Femmes, l'Académie des César proposera vendredi un ruban blanc, symbole de ce mouvement et de la lutte contre les violences faites aux femmes, aux 1.700 invités de sa 43e cérémonie, présidée par une des signataires, Vanessa Paradis.
"On va porter ce ruban avec détermination et conviction", a assuré lundi à l'AFP Alain Terzian, président de l'Académie des César.
L'objectif de #MaintenantOnAgit est de lever "un million d'euros" pour aider des associations "débordées", précise à l'AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, évoquant le Collectif féministe contre le viol, l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), l'Espace femmes Geneviève D., et Prendre le droit.
Un premier bilan du mouvement pourrait être fait en mai lors du festival de Cannes.
"On ne veut pas se substituer à l'État. On dit juste qu'il y a urgence à comprendre que la lutte contre les violences faites aux femmes requiert des moyens. Que fera-t-on le jour où les 230.000 femmes battues viendront porter plainte ?", poursuit-elle.
Loin de la polémique suscitée par la tribune des 100 femmes, dont l'actrice Catherine Deneuve, défendant la "liberté d'importuner", Mme Mailfert espère que la centaine de personnalités apportera "la lumière" aux victimes de violences.
Dans le sillage de l'affaire Weinstein, le nombre de plaintes déposées en 2017 pour viols et agressions sexuelles a connu en France une hausse respectivement de 12% et 10% par rapport à 2016. Plusieurs associations, dont l'AVFT, ont alerté les pouvoirs publics sur leurs difficultés à répondre aux victimes, faute de moyens.
La secrétaire d'État à l'Égalité Marlène Schiappa, a jugé mardi auprès de de l'AFP "formidable que des artistes adorées des Françaises et des Français s'engagent", rappelant que "de nombreuses associations dont l'action est importante sont financées uniquement depuis des années par de l'argent public".