C’est un trou juridique comme il en arrive peu. Cinq marins formant l’équipage d’un pétrolier battant pavillon panaméen sont bloqués à bord de leur bateau depuis près de 4 ans maintenant. Et ce, sans pouvoir mettre le pied à terre.
Alors comment est-ce possible ? Le propriétaire du bateau a en fait fait faillite. Condamnant de fait l’équipage à voguer sans but jusqu’à ce qu’un repreneur se dégage. Mais en raison du contexte économique notamment, aucun repreneur ne s’est présenté et l’équipage n’a pas été payé depuis 32 mois.
Échoués à quelques mètres du rivage
Les 5 marins ne peuvent pas pour autant laisser le bateau et partir rejoindre leur famille comme le rapporte The Guardian. Car selon le droit maritime, s’ils posent un pied à terre, ils risquent de ne pas toucher les sommes qui leur sont dues. Et le code maritime interdit également les navires fantômes, condamnant l’équipage à demeurer à bord.
Alors que le pétrolier était ancré à Dubaï, les attaches des ancres se sont rompues. Ce qui a conduit le bateau, à court de fuel, à dériver avant de finalement s’échouer sur une plage paradisiaque, à quelques mètres du rivage.
Les marins ont pu être ravitaillés par une ONG. Mais l’absence de salaires est désastreuse pour les 5 hommes qui ne peuvent plus envoyer d’argent à leurs familles et assurer l’éducation de leurs enfants.
Une situation inextricable pour l'équipage
L’ingénieur en chef Nay Win rapporte ainsi s’inquiéter pour sa famille :
Je ne peux pas envoyer d’argent à ma famille, mes enfants ne peuvent pas étudier. Ils ne peuvent pas manger, ils doivent emprunter de l’argent.
Son passeport a aussi expiré depuis qu’il est à bord. Le mettant en situation irrégulière et susceptible d’être arrêté à n’importe quel moment. De plus, durant son absence, son pays d’origine, la Birmanie, a connu un coup d’État militaire. Et Nay Win craint que l’instabilité du pays ne touche directement sa famille.
Mais pour le moment, impossible pour lui comme pour les 4 autres membres d’équipage de débarquer. Condamnés à voir la terre sans pouvoir la fouler, l’équipage du pétrolier attend encore et toujours un repreneur.