Organisée le vendredi 28 février à Paris, la 45e cérémonie des César s'est terminée dans la colère et le malaise. Au cours de la soirée, Roman Polanski a été récompensé par le César de la Meilleure réalisation pour le film J'accuse. Un sacre pour le réalisateur accusé de viol qui a révolté l'actrice Adèle Haenel, la cinéaste Céline Sciamma et le reste de l'équipe de Portrait de la jeune fille en feu.
En sortant de la salle Pleyel, la comédienne de 31 ans a alors applaudi ironiquement l'Académie, en lançant de façon lapidaire :
La honte !
De son côté, la maîtresse de cérémonie Florence Foresti a déserté la scène après l'annonce de cette récompense. Après avoir quitté la soirée précipitamment, Adèle Haenel n'est logiquement pas réapparue au traditionnel dîner du Fouquet's. L'actrice a préféré rejoindre un lieu parisien en accord avec ses convictions.
La réponse d'Adèle Haenel
Selon les informations du JDD, citées par Purepeople, Adèle Haenel s'est rendue au Perchoir, un bar du onzième arrondissement de la capitale, au côté de Céline Sciamma. La comédienne a troqué sa robe de soirée pour une tenue décontractée. Elle a opté pour cet établissement pour la raison suivante :
Ce bar branché accueille le collectif 50/50 qui se bat pour plus d'égalité dans le cinéma.
Au lendemain de la cérémonie, le samedi 29 février, Adèle Haenel a réagi à la récompense de Roman Polanski dans les colonnes de Mediapart. La comédienne, récompensée par deux César pour ses interprétations dans Suzanne et Les Combattants, a déclaré :
Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde. Ils pensent défendre la liberté d’expression, en réalité ils défendent leur monopole de la parole. Ce qu’ils ont fait hier soir, c’est nous renvoyer au silence, nous imposer l’obligation de nous taire. Ils ne veulent pas entendre nos récits. Et toute parole qui n’est pas issue de leurs rangs, qui ne va pas dans leur sens, est considérée comme ne devant pas exister. Ils font de nous des réactionnaires et des puritain·e·s, mais ce n’est pas le souffle de liberté insufflé dans les années 1970 que nous critiquons, mais le fait que cette révolution n’a pas été totale, qu’elle a eu un aspect conservateur, que, pour partie, le pouvoir a été attribué aux mêmes personnes. Avec un nouveau système de légitimation. En fait, nous critiquons le manque de révolution.