A 60 ans, Emmanuelle Béart n’a plus rien à prouver au monde du cinéma. Révélée dans Manon des sources de Claude Berri en 1986, film pour lequel elle obtiendra le César de la meilleure actrice dans un second rôle, elle enchaînera les succès.
Mais après avoir été la muse de nombreux réalisateurs, l’actrice a également souhaité passer derrière la caméra pour un documentaire qui lui tient énormément à cœur, et pour cause. C’est le 24 septembre prochain qu’Un silence si bruyant se dévoilera sur M6.
Emmanuelle Béart se confie sur l’inceste dont elle a été victime
C’est avec des mots forts et poignants qu’elle revient sur le début de ce qui a marqué quatre ans d’abus alors qu’elle n’était qu’une enfant.
J'ai 11 ans, c'est la nuit, j'en suis sûre. Tu déchires mon sommeil comme tu déchires sans bruit ma chemise de nuit. Comme si cet arrêt dans le temps, ce silence polaire te laissait tout l'espace. Et comme si déjà, il était inscrit que personne jamais ne témoignerait. J'ai très froid. Aucun cri ne sort de ma bouche, les mots ne se forment pas dans ma bouche, ma bouche est cousue. Quand il fait jour à nouveau, tout semble intact, comme si de rien n'était.
déclare-t-elle dans un extrait qu’ont pu se procurer nos confrères de L’Obs.
Emmanuelle Béart ne donne pas le nom de son agresseur qu’elle préfère garder pour elle, précisant que ses parents n’ont jamais été au courant de ce qu’il s’était passé.
Et si mon père, ma mère, mon école, mes amis ne voient rien, c'est que tout peut recommencer. Et tu recommenceras pendant quatre ans.
Elle parle des « séquelles » qu’elle garde encore en elle jusqu’à ce jour et qui sont « plantées là, dans (son) ADN ».
C’est finalement sa grand-mère qui la sortira de cet enfer en la mettant dans un train pour qu’elle rejoigne son père alors qu’elle avait 15 ans.
Elle m’a permis de sortir des griffes de cet homme. J’ai été sortie du cercle familial et envoyée en pension.
a-t-elle déclaré à Elle ce 5 septembre 2023.
Un documentaire bouleversant
Emmanuelle Béart a expliqué que cela faisait des années qu’elle souhaitait pouvoir raconter son histoire au travers d’un documentaire.
Au début, je voulais prendre la caméra, et non prendre la parole, expression toute faite que je déteste, un peu comme "la peur a changé de camp". Je ne m’incluais pas dans cet espace.
Cependant, tout a changé une fois qu’elle s’est retrouvée face aux témoignages des victimes d’abus sexuel.
Face à leur courage, je me suis remise en question. Quand Norma m’a demandé 'et toi, pourquoi tu es là ?', et qu’après avoir entendu mes explications, elle m’a dit 'et pourquoi tu ne dis rien ?', ça a été violent.