La diffusion du reportage de Complément d’enquête consacré à Gérard Depardieu , sur France 2, a provoqué une onde de choc. Les images de l’acteur tenant des propos obscènes et dégradants à l’encontre de la gent féminine ont suscité l’indignation des téléspectateurs, nombreux à faire part de leur écœurement sur les réseaux sociaux.

Cependant, celui qui s’est réfugié en Belgique depuis le scandale a pu compter sur le soutien de sa famille, mais également de quelques grands noms de la profession. En plus d’Emmanuel Macron, qui a pris sa défense sur le plateau de C à vous, une cinquantaine d’artistes a signé une tribune en faveur de Gérard Depardieu. Parmi ces personnalités figurent Gérard Darmon, Pierre Richard, Carole Bouquet, Carla Bruni mais aussi Victoria Abril.

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Victoria Abril @ DR

La parole délivrée

Sur son compte Instagram, Charlotte Arnould, qui a porté plainte contre Gérard Depardieu pour viol, a posté la liste de tous les signataires. Une publication qui a immédiatement fait réagir Lucie Lucas. L’actrice a directement interpellé celle qui jouait sa mère dans la série Clem, sur TF1, et l’a accusée d’agression sexuelle dans la section commentaires.

Une prise de parole qui a déclenché un véritable séisme ainsi que la riposte de Victoria Abril. Par le biais de son avocat qui s’est entretenu avec Libération, l’actrice de Talons aiguilles a fait connaître son intention de saisir la justice pour diffamation.

Au cours d’un entretien accordé au Huffington Post, Lucie Lucas a accepté de revenir sur cette polémique, qui pourrait bien lui coûter sa carrière. Dans un premier temps, elle a expliqué pourquoi elle avait décidé de ne s’exprimer que maintenant : "Il n’y a jamais de bon moment pour balancer une bombe comme ça. Voir tous ces noms sur cette liste, ça m’a fait exploser. Victoria Abril, c’est ma maman de cinéma, je me suis sentie trahie", a-t-elle commencé, ajoutant qu’elle a "été menaçante, sans avoir l’intention de développer en ce qui concerne des actes non consentis" :

Puisque je n’étais pas directement concernée et que je ne raconte pas les histoires des autres sans leur accord. Par contre, j’ai voulu lui, leur faire prendre conscience de l’hypocrisie de signer une tribune pareille et rappeler que personne n’est intouchable. Ça ne m’intéresse pas de remuer le passé, mais dorénavant, je ne laisserai plus rien passer sur un plateau, je ne serai plus complice de l’omerta généralisée.

A-t-elle assuré.

L’interprète de Clem a ensuite reconnu avoir sa "part de responsabilité" car "pendant longtemps", elle "n’a rien osé dire ou faire" : "Mais il y a des comportements qui ne sont plus admissibles", a-t-elle fustigé.

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Lucie Lucas (Clem) @TF1 Production

"Les choses vont se compliquer pour moi"

Lancée dans ses déclarations, Lucie Lucas a alors évoqué des pénibles souvenirs de ses anciens tournages. Comme la fois où un acteur lui a dit, "premier degré et devant témoins" : "Tu me rends fou, je vais te violer, ça se voit que tu es le genre de femme qui aime ça". Ou encore :

Un réalisateur a tambouriné à ma porte à quatre heures du matin pour me dire qu’il fallait que je me donne à lui en me disant : "Je te vois dans mon petit écran toute la journée, je n’en peux plus". 

A-t-elle affirmé.

Quant aux répercussions de cette "bombe" sur sa carrière, Lucie Lucas ne se fait pas d’illusions et a bien conscience qu’elle risque d’être grillée dans le milieu. Ce qui ne lui fera pas abandonner ses principes :

Les choses vont se compliquer pour moi, c’est certain. Je ne sais pas du tout si je vais avoir des nouveaux contrats. Je vais être ciblée comme quelqu’un qui parle. Mais je ne peux plus travailler à n’importe quel prix.

D’ailleurs, la jeune maman de 37 ans qui ne regrette rien, estime avoir agi justement. Et elle n'est pas la seule : "J’ai reçu énormément de messages de soutien, des gens du milieu aussi et certains de l’équipe de Clem", a-t-elle indiqué. De quoi la conforter dans sa prise de position :

Cela m’a donné de la force et permis de me dire que, même si je n’assume pas vraiment la forme avec laquelle j’ai exposé Victoria Abril, eh bien, c’était juste. À un moment, il faut se lever, pour dénoncer une forme d’hypocrisie et d’impunité. Je n’attaque pas les gens pour le plaisir. Mais par contre, s’ils se rangent du côté des agresseurs présumés sans laisser la place à la "présomption de victime", je ne peux plus me taire. Rien ne justifie des comportements abusifs et certainement pas l’art. C’est faux, c’est un mythe.

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Victoria Abril et Lucie Lucas @ Clem/TF1