Peu avant l’arrestation d’Oscar Jégou et Hugo Auradou, tous deux mis en examen pour viol aggravé, la tournée d’été du XV de France en Amérique du Sud a été marquée par une autre polémique. Le 6 juillet dernier, Melvyn Jaminet a publié une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle il tient des propos à caractère raciste. "Le premier Arabe que je croise, je lui mets un coup de casque", peut-on l’entendre dire, se filmant dans la rue, dans la nuit du 5 au 6 juillet dernier. Rapidement supprimée, la vidéo a néanmoins été massivement relayée et fait gronder les internautes.

Les déclarations de Melvyn Jaminet ont aussitôt été condamnées par son club, qui a fait savoir qu’une enquête interne avait été ouverte : "Suite à la vidéo parue sur les réseaux sociaux impliquant Melvyn Jaminet, le RCT condamne les propos tenus et se désolidarise de ceux-ci. Une enquête interne est ouverte et le club communiquera plus largement à l’issue de celle-ci", a informé le club toulonnais sur son compte X.

La Fédération française de rugby a également le réagi, dénonçant des "propos inacceptables" via un communiqué :

De tels propos sont totalement inacceptables et contraires aux valeurs fondamentales de notre sport. En conséquence, Melvyn Jaminet a été mis à l’écart avec effet immédiat. Une enquête interne est en cours pour faire toute la lumière sur la tenue de ces propos d’une extrême gravité et prendre les mesures appropriées.

Malgré ses excuses présentées dès le lendemain, Melvyn Jaminet a immédiatement été écarté de la sélection nationale et renvoyé à Toulon, où son avenir reste incertain.

La sentence est tombée

Après s’être entretenu avec Cédric Rouhaud, le directeur administratif et juridique du club, l’arrière varois a rencontré Bernard Lemaître, le président, lors d’un conseil de discipline. "Les deux parties seront assistées par leurs conseils respectifs si elles le désirent et ce n’est qu’à l’issue de ces discussions qu’une ou des décisions seront prises au sujet de l’avenir de notre joueur au RCT", a indiqué le patron du club dans les colonnes de Nice-Matin.

Le verdict est tombé ce vendredi 26 juillet 2024 et il est plutôt lourd pour Melvyn Jaminet. Le jeune homme de 25 ans sera absent des terrains pendant 34 semaines, soit environ huit mois, et devra s’acquitter d’une amende de 30 000 euros. La Fédération française de rugby a jugé que les propos de Melvyn Jaminet ont porté atteinte "à l’intérêt supérieur du rugby".

En outre, des travaux d’intérêt général pourraient remplacer huit des trente-quatre semaines de suspension, a précisé l’instance :

Ces dernières consistent à réaliser : 6 actions de prévention portant sur les dangers liés à l’alcool et les réseaux sociaux. Et 6 actions de promotion des valeurs du sport portant sur la lutte contre les discriminations.

Une défense surprenante

Alors que le dossier a été saisi par la justice et que Melvyn Jaminet dispose de sept jours pour faire appel, son avocat a pris la parole, évoquant "un humour potache". Me Carlo Alberto Brusa a déclaré que la vidéo de son client s'était retrouvée accidentellement sur les réseaux sociaux et n’était pas destinée à ses abonnés mais "à n’être communiquée qu’à ses amis d’enfance via un groupe de discussion privé sur Instagram".

Et d’expliquer que les membres de ce groupe, qui "ont des origines diverses et variées", ainsi que des "cultures différentes", échangent régulièrement les uns avec les autres du contenu à vocation humoristique, qui visiblement, ne plaît pas à tout le monde.

Des arguments surprenants pour Dominique Sopo, le président de l’association SOS Racisme, qui s'est dit "étonné du fait que des propos de cette nature puissent être présentés comme des propos fréquemment échangés, entre amis, parce qu’on est quand même sur des propos assez violents".