Lundi 25 janvier 2020, Flavie Flament était invitée au côté d’Andréa Bescond, la réalisatrice du film Les Chatouilles, sur le plateau de Quotidien sur TMC. Toutes deux victimes de viol durant l’enfance, elles sont venues apporter leurs témoignages dans le but d’alerter sur la loi visant à mettre le consentement sexuel à 13 ans.
Celle qui, un an avant le mouvement #MeToo, avait décidé de révéler au grand jour avoir été violée par le photographe David Hamilton à seulement 13 ans, a récemment partagé une photo d’elle à cette âge sur les réseaux sociaux. En légende du cliché, l’animatrice et auteure a écrit :
J’avais 13 ans. Et j’ai été violée par David Hamilton. Aurais-je pu être consentante ?
Nombreuses sont les célébrités à avoir fait de même pour dénoncer cette loi.
Son terrible témoignage
Sur le plateau, Flavie Flament a pris la parole sur cette photo partagée sur la toile :
Moi je vois une petite fille une petite fille qui va vivre quelques mois après l'innommable, cette petite fille que je n'ai de cesse maintenant d'essayer de défendre et avec laquelle je veux me réconcilier parce que c'est ça aussi la résilience. C'est à un moment donné s'emparer de l'enfant qu'on a eu en soi et qui est là en permanence et qui pleure au fond de nous.
Flavie Flament a continué son bouleversant récit :
Parfois je vois cette petite fille et j'ai vraiment envie de la prendre dans mes bras et de lui dire ce que j'aurais aimé que l'on me dise à l'époque : ' Tout va bien se passer, on va s'occuper de toi, on va te défendre'.
Suite au choc subi après ce qu’elle a vécu, Flavie Flament a affirmé qu’elle s’était séparée de cette petite fille qui est, en quelque sort, partie avec son bourreau :
Je pense qu'à un moment donné c'est terrible on se sépare de l'enfant qu'on a été et quand je la regarde je vois Poupette mais je suis devenue autre au moment où j'ai été violée ... C'est à dire que j'ai abandonné cette petite fille aux bras si on peut dire cela ainsi à la bouche, à la violence d'un homme qui a abusé d'elle donc pour moi c'est à la fois moi et une autre, c'est très étrange.
Un consentement à 13 ans ?
Pour Flavie Flament, qui a vécu un terrible viol à 13 ans, le consentement sexuel à cet âge-là est tout simplement inconcevable. Elle affirme qu’il est impossible de parler de consentement sans qu’il y ait une forme d’égalité entre les deux parties, hors, un enfant de 13 ans ne regarde pas un adulte en se sentant égale à lui. La relation n’est donc pas équilibrée et ne peut donc pas mener à un acte sexuel consenti.
Une parole qui doit être écoutée mais pas forcée
Flavie Flament n’apprécie pas que l’on parle en ce moment d’injonction à la parole. Selon elle, les victimes doivent parler uniquement si elles sont prêtes à le faire.
Il ne faut également pas oublier la réalité de l’amnésie traumatique comme a pu le vivre la présentatrice.
Lorsque vous vivez quelque chose de dramatique et encore plus lorsque vous êtes enfant et que votre vie psychique est mise en danger ce que vous êtes en train de vivre va se ranger dans une partie de votre mémoire qui n'est plus accessible. Et parfois ça ressort à la faveur d'un autre événement traumatique. Ça commence par une forme de sidération vous n'êtes plus là c'est ce que je vous disais tout à l'heure j'ai abandonné cette petite fille à son violeur et j'ai oublié, mais véritablement pendant une trentaine d'années. Et un jour ça vous revient dans la gueule avec la même violence que quand vous l'avez vécu, ces souvenirs-là ne sont pas polis par le temps, vous revivez tous les détails, les odeurs, les images dont vous ne comprenez pas l'origine.
Nous saluons ces témoignages nécessaires et le courage des personnes qui parviennent à sortir du silence.