Installé en famille depuis 2012 à Hidden Hills, dans une résidence sécurisée située à Los Angeles, Omar Sy est de passage en France pour faire la promotion de son livre, Viens, on se parle, paru ce mercredi 24 avril 2024, aux éditions Albin Michel. Dans cet ouvrage, écrit en collaboration avec la journaliste Elsa Vigoureux, l’acteur évoque son parcours, sa carrière, mais donne aussi sa vision de la société. Et Omar Sy est visiblement inquiet.
Ce jeudi 25 avril 2024, l’ancien acolyte de Fred Testot était reçu par Yann Barthès, sur le plateau de l’émission Quotidien. Il en a profité pour dénoncer une forme d’individualisme qui commence à prendre de l’ampleur en France : "Mon optimisme est mis à rude épreuve", a-t-il commencé, expliquant qu’il essaye "de rester positif, mais c’est difficile".
Les notions de justice, d’égalité, on n’en a plus du tout. Justement parce qu’on a ces gens qui sont en train de cracher leur haine et de mettre au goût du jour une France du passé avec des idées bien arrêtées, avec des "Elle est où la maman ?", etc.
A-t-il ajouté, faisant allusion à la récente polémique autour de Marion Maréchal, qui avait tweeté cette phrase après l’annonce de la naissance des jumeaux du styliste Simon Porte Jacquemus et de son mari Marco Maestri, communiquant de profession.
"On a un groupe à créer"
Lancé dans ses déclarations, Omar Sy a tenu à rappeler que "ces idées ont conduit la France dans des endroits très, très sombres" par le passé : "Je dis juste : "Attention" parce que ça nous concerne tous". La star de la série Lupin, sur Netflix, a également déploré le fait que cet individualisme soit parvenu à atteindre la sphère politique :
Le problème, c’est que tout le monde parle de soi et on oublie le groupe. Ce qui fait qu’on a des individus qui prétendent être chefs, mais sont juste des individus souvent mégalomanes. Mais un chef, c’est celui qui s’occupe du groupe.
Par ces mots, Omar Sy faisait référence aux différents dirigeants de partis politiques, qui "s’expriment au nom du groupe" alors que leurs idées sont issues de "leurs petites névroses", de "ce qui les blesse, de ce qui les dérange, de ce qui leur fait peur". Aussi, le mari d’Hélène Sy demande aux Français de" se réveiller" et de s’unir pour combattre "ce monde qui fait un peu froid dans le dos" : "On a un groupe à créer et pas plein de petits groupes", a-t-il estimé, avant de conclure :
Faut refaire des récrés, les copains. Venez, on se tient la main. On fait des rondes. Ça paraît débile ce que je suis en train de te dire mais je le pense vraiment.
Un véhément plaidoyer qui s’inscrit dans la lignée des précédentes prises de positions d’Omar Sy, qui avait déjà appelé à "faire barrage contre Marine Le Pen" lors des dernières élections présidentielles.
Un discours salué par la gauche
Sur les réseaux sociaux, l’intervention d’Omar Sy a été largement commentée, notamment par les membres de la classe politique. Les élus de gauche ont salué ce discours engagé, comme Sophie Bussière, qui a réagi sur son compte X :
Merci Omar Sy pour ces mots si rares. Merci de rappeler où mène l’extrême droite, de rappeler l’histoire. Merci de marteler la nécessité de "faire groupe" face à la haine. Nous avons besoin d’artistes pour dire tout ceci avec résonance : vous embarquez les autres ?
A écrit la porte-parole du groupe écologiste.
D’autres personnalités politiques ont tenu à remercier le comédien pour "cette parole importante", "ce discours salutaire", à l’image de Manuel Bompard et Sébastien Rome, députés de La France insoumise.
En ce qui concerne les médias de droite, les réactions ont été bien différentes. Dès le lendemain, Pascal Praud a demandé à ses auditeurs d’Europe 1 s’ils étaient "d’accord" avec Omar Sy. L'animateur a jugé "paradoxale" la prise de parole de l’acteur, "salué par ce pays qui en a fait une icône", ce qui prouve, selon lui, que "ce pays n’est pas raciste". Un avis partagé par Eugénie Bastié, qui a répliqué sur CNews, en déclarant que "la France n’est pas l’enfer qu’Omar Sy décrit".
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