Le coup d’envoi de la Coupe du monde de rugby 2023 sera lancé ce vendredi 8 septembre et tous les yeux sont actuellement rivés sur les Bleus : "L’engouement médiatique monte depuis un mois", a constaté Antoine Dupont, ce dimanche 3 septembre. Et le capitaine de l’équipe nationale ne croyait pas si bien dire, comme on a pu l’observer ce week-end. Cependant, il ne s’attendait certainement pas à ce que cela finisse par concerner une polémique impliquant l’un de ses coéquipiers plutôt que du match d'ouverture face aux All Blacks de Nouvelle-Zélande, triple champions du monde.
Bastien Chalureau s’est préparé au Mondial avant de finalement rejoindre le clan des joueurs non conservés dans le groupe de 33 joueurs sélectionnés. Mais à la suite de la blessure de Paul Willemse, le deuxième ligne montpelliérain a été appelé à la dernière minute, vendredi 1er septembre. Seulement, son passé judiciaire a refait surface, l'obligeant à se justifier devant la presse.
Bastien Chalureau condamné par la justice
La polémique a vu le jour sur X, anciennement Twitter, après la publication du compte @BoucherieOvalie, un collectif humoristique consacré au rugby, qui rappelait les démêlés avec la justice du joueur de 31 ans. En novembre 2020, Bastien Chalureau a été condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Toulouse pour des "faits de violence avec la circonstance que ces derniers ont été commis en raison de la race ou de l’ethnie de la victime". Un jugement dont il a fait appel.
Bastien Chalureau est accusé par deux anciens rugbymen de les avoir agressés fin janvier 2020, après une soirée à Toulouse :
J’ai entendu une personne qui criait : "Ça va les bougnoules ?". Je me suis retourné et j’ai aperçu un gars costaud (…). Il continuait sans cesse ses insultes racistes. J’ai voulu me retourner et il m’a décoché un coup de poing de toutes ses forces dans la mâchoire. Une incisive m’a perforé la lèvre, j’ai quatre dents qui bougent et une entorse aux cervicales.
Avait raconté l’une des victimes à La Dépêche du Midi, qui a "dû être hospitalisée".
Par la suite, Bastien Chalureau a été mis à pied par le Stade toulousain puis recruté par Montpellier, où il a effectué un parcours remarquable.
"Je ne suis pas raciste"
Face à l’ampleur de la polémique, le natif de Mondavezan, en Haute-Garonne, a été vivement encouragé à prendre la parole le 4 septembre dernier. Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Rueil-Malmaison, dans le Val-de-Marne, où séjourne actuellement le XV de France, Bastien Chalureau a nié en bloc ce qu’on lui reproche :
Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai avoué mes erreurs, que j’ai payé mes dettes et que je nie tout propos raciste. Je ne suis pas raciste
A-t-il affirmé, avant de préciser :
On a discuté avec le staff de l’équipe de France : ils savaient depuis le début, la procédure est ancienne et connue par beaucoup de personnes.
Visiblement très ému, le joueur a également évoqué sa famille, les larmes aux yeux : “Ça ne touche pas que moi”.
Le gouvernement se manifeste
L’affaire a fait réagir jusque dans la sphère politique, puisque le chef de l’État a été invité à donner son avis. Emmanuel Macron a d’abord réagi au micro de RMC Sport, déclarant, sans vouloir se mouiller, que "c’est le sélectionneur, le coach qui choisit ses joueurs et c’est d’ailleurs très bien comme ça, donc je ne vais pas commenter ses choix. Il les fait en conscience, en responsabilité. Ce sont par définition les bons".
Mais dans une interview publiée ce mercredi 6 septembre dans L’Équipe, le président de la République s’est positionné et estimé qu’il "serait préférable" que Bastien Chalureau ne porte plus le maillot des Bleus si sa condamnation était confirmée en appel :
Il faut que la justice puisse se prononcer dans le temps qui est le sien, en toute sérénité. La présomption d'innocence et le droit de recours existent.
Selon lui, le choix de Fabien Galthié, le sélectionneur du XV de France, est "forcément le bon pour l'équipe" :
Fabien sait ce qu'il (Chalureau) peut apporter au XV de France, son alchimie avec les autres joueurs.
A indiqué Emmanuel Macron.
Bastien Chalureau a pu compter sur le soutien de Mohamed Haouas, son ancien coéquipier qui aurait pu participer au Mondial s’il n’avait pas été condamné pour violences conjugales. Dans un entretien accordé à Rugbyrama, celui qui évolue désormais à Biarritz a pris la défense de son ancien coéquipier à Montpellier :
Avec "Chalu", on a toujours été copains. Lui, raciste ? Moi, je n’y crois pas. Avec Yacouba (Camara) et Bastien, on était d’ailleurs souvent ensemble et on rigolait bien, tous les trois. A Montpellier, je trouvais que c’était un bon mec, voilà tout. Ce qu’il a fait avant d’arriver au MHR, je n’en sais rien et ça ne me regarde pas. Je sais juste qu’avec nous, il était top.
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