La Fédération française de rugby n’est pas près d’oublier la tournée d’été 2024 du XV de France, en Amérique du Sud. Après Melvin Jaminet, qui avait fait polémique le 7 juillet dernier en publiant une vidéo dans laquelle il tenait des propos racistes, deux autres joueurs tricolores ont été arrêtés le lendemain par les autorités. Oscar Jégou et Hugo Auradou ont été placés en détention en Argentine après le dépôt de plainte d’une femme, qui les accuse tous deux de viol.

Selon les dires de cette dernière, les faits se seraient déroulés dans la nuit du 6 au dimanche 7 juillet 2024, au Diplomatic Hotel de Mendoza, où logeait l’équipe nationale de Rugby après leur victoire face aux Pumas. La victime présumée aurait d'abord rencontré Hugo Auradou, qui lui aurait ensuite proposé de finir la nuit dans sa chambre d’hôtel. Cependant, une fois sur place, la soirée aurait viré au cauchemar.

Il l’attrape immédiatement, la jette sur le lit, commence à la déshabiller et se met à la frapper sauvagement d’un coup de poing, dont l’hématome est visible sur le visage de la victime. Il l’étouffe, au point qu’elle a l’impression de se sentir partir.

A déclaré son avocate, ajoutant qu’une heure plus tard, Oscar Jégou aurait fait son apparition pour lui faire subir "des mêmes faits de violences et de violences sexuelles".

"La chose la plus grave qui a été constatée est un hématome au niveau de l’œil. C'est la conséquence d’un coup de poing", a continué Me Natacha Romeno, évoquant "des traces de coups au visage, au menton, sur la poitrine, les fesses".

Oscar Jégou et Hugo Auradou bientôt lavés de tout soupçon ?

Le 21 juillet 2024, Le Parisien a rapporté les résultats du rapport médico-légal , qui a fait état d’"une quinzaine de blessures" sur le corps de la mère de famille de 39 ans. Des "lésions dans les parties intimes, divers hématomes au menton, sur la paupière gauche, les deux jambes, les fesses, l’entrejambe, la poitrine et le thorax", mais aussi "plusieurs éraflures au niveau de l’omoplate" ont été constatées. Cependant, "rien d'alarmant", selon Antoine Vey, l’avocat français des deux joueurs.

C'est une fake news totale parce que la presse argentine ne fonctionne pas de la même manière que la presse française. Cela fait deux jours qu'on entend qu'il y aurait des lésions et qu’elles seraient dramatiques. Il n'y a rien d'alarmant.

À l’issue d’une audience qui s’est tenue le 12 juillet 2024 à Buenos Aires, Oscar Jégou et Hugo Auradou ont été mis en examen pour viol aggravé et maintenus en détention à la prison de Mendoza. Mais c’était sans compter les travaux de leur avocat argentin, Rafael Cunego Libarona, qui a demandé leur assignation dans une résidence surveillée et a réussi à obtenir gain de cause. Au début du mois, les deux joueurs ont été remis en liberté, sous certaines conditions.

Du statut de coupable à victime ?

Car les résultats d’un nouveau rapport d’expertise psychologique et psychiatrique ont mis à mal la version de la mère de famille de 39 ans. Selon les conclusions des experts, rapportées par CNews, celle-ci aurait montré une tendance à exagérer certains aspects des faits et aurait "caché des informations dans le seul but de se placer en position de victime d’une agression sexuelle".

Son attitude a également éveillé les soupçons des enquêteurs, car elle a catégoriquement refusé de leur remettre son téléphone portable. Et malgré s’être justifiée devant une commission législative ce jeudi 3 octobre 2024, la victime n’aura pas réussi à convaincre ses juges. Car dès le lendemain, le parquet a annoncé soutenir la demande de non-lieu et demandé une audience auprès du juge.

Une justice "bafouée"

Un verdict jugé injuste par la plaignante, qui, selon Le Parisien, a pointé du doigt ce qu’elle considère comme des manquements graves dans le traitement judiciaire de son dossier, évoquant une justice "bafouée". De son côté, le père de la victime présumée a dénoncé à la presse “une violation constante et permanente de {ses} droits et garanties dans le domaine judiciaire”. L’ancien avocat a informé vouloir recourir à “toutes les instances nécessaires” pour la protection des droits de sa fille, qui aurait été "maltraitée par la justice".

La défense de cette dernière pointe aujourd’hui plusieurs éléments du doigt : la rapidité inhabituelle des décisions judiciaires, le rejet de leur demande de récusation des procureurs ainsi que les liens familiaux entre l’avocat des rugbymen et le ministre de la Justice.