Au total, près d'une quarantaine de dates et participations à des festivals sont programmées d'ici l'été dans le cadre de cette tournée, qui débute à La Sirène, une salle de 1.200 places sur le port de La Rochelle où Bertrand Cantat devrait logiquement roder certains des onze titres de son album solo, qui oscille entre rock, pop et jazz.
Sans appel à manifester, la préfecture n'a pas prévu de dispositif de sécurité particulier pour encadrer ce concert du chanteur, qui apparaît pour certains comme un symbole de la violence faite aux femmes.
A ce jour, un seul concert a été annulé, celui prévu fin juillet au festival "Les Escales" de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), dont le maire PS, David Samzun, avait exprimé sa "désapprobation" dans une lettre aux organisateurs.
Ainsi, M. Samzun écrivait :
Je suis attaché à ce que les personnes condamnées et ayant exécuté leur peine, retrouvent pleinement la vie de la cité, mais je suis aussi, en tant que maire et responsable politique, attaché au maintien de la paix civile.
Quatre ans après son retour sur scène avec le groupe Détroit, chaque réapparition artistique ou médiatique de Bertrand Cantat, qui fêtera ses 54 ans dans quelques jours, continue de susciter de vives réactions.
Libéré le 15 octobre 2007 de la prison de Muret (Haute-Garonne), il avait purgé plus de la moitié de sa peine après avoir été condamné à huit ans de prison par la justice lituanienne pour avoir porté en 2003 à Vilnius des coups mortels à sa compagne, l'actrice Marie Trintignant.
Silence
Hasard du calendrier, "Amor Fati" est sorti dans un contexte rendu plus explosif encore par l'affaire Weinstein et la vague de dénonciation du harcèlement et des violences faites aux femmes qu'elle a suscitée.
Le 11 octobre, le magazine Les Inrockuptibles consacrait sa Une à Bertrand Cantat, où le chanteur expliquait son retour à la musique et sa reconstruction dans une longue interview.
Traitement trop complaisant, publicité indue et indécente, voire insulte à la mémoire de Marie Trintignant et à toutes les femmes victimes de violences : les critiques contre l'hebdomadaire avaient fusé, des responsables politiques joignant leur voix à cette énième polémique autour de l'ex-leader de Noir Désir.
Mettre Bertrand Cantat en Une était "contestable", s'excusait la semaine suivante l'hebdomadaire culturel, exprimant ses regrets "à ceux qui se sont senti blessés".
Bertrand Cantat, lui, était retourné au silence. Il l'a gardé lorsque Le Point a dénoncé, dans un article paru à la veille de la sortie de son album solo, une "omerta" autour du comportement violent de l'artiste, avant et après les coups mortels sur Marie Trintignant.
L'avocat de Bertrand Cantat, Me Antonin Lévy, a affirmé que les quatre membres du groupe dissous démentaient ces informations, et promis une plainte pour "diffamation ou injure" contre l'hebdomadaire.
Sur scène à La Rochelle, Bertrand Cantat devrait être accompagné de ses complices de Détroit, Pascal Humbert et Bruno Green, avec lesquels il a enregistré "Amor Fati", entre le Lot, l'Italie et le Chili.
On ignore si la prestation sera ponctuée d'anciens morceaux de Noir Désir, comme ce fut le cas lors de sa tournée avec Détroit en 2014.